Pierre Molinier : le verbe choc d’un homme en talons
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr / Bruno Geslin sculpte le paysage scénique, agit tel un peintre pointilleux qui ne supporterait pas d’oublier une faute de ton sur sa toile. Les lumières caressent jusqu’au velours des fauteuils des spectateurs, les images projetées tatouent le décor, lui insufflent une vie propre et s’y fondent. Les corps deviennent de la matière à dire et à ressentir; la voix de Pierre Maillet s’approprie elle aussi l’espace, en fait son complice et nous invite à une rencontre en chair et en os avec un défunt jovial, le sulfureux photographe Pierre Molinier- dont la renommée a largement dépassé les frontières outre-atlantique- ivre de liberté et chatouillant les tabous, fétichiste jusqu’à la pointe du talon et provocateur insatiable.
Sous les feux de la rampe ou dans une obscurité intimiste, l’Androgyne aux membres araignées s’ébat, s’exhibe et s’accessoirise pour devenir un objet de fantasme, un sujet troublant et » monstrueusement » sensuel. Non assurément, comme il le confiait à Pierre Chaveau, l’érotisme exacerbé n’est pas un vice mais bien la passion de Pierre Molinier….dont le rire …