Pierre Drieu la Rochelle : L’homme couvert d’infâme
Par Marc-Emile Baronheid –bscnews.fr / Ce titre récent « La moisissure Drieu la Rochelle sur La Pléiade » donne la mesure du sort encore réservé à un écrivain dont beaucoup vantent les qualités littéraires, sans prétendre faire abstraction de son passé de collaborateur
. Les sceptiques, les curieux, les amateurs de style disposent à présent de 10 œuvres, de textes et documents périphériques, de l’habituel et soigné appareil d’accompagnement des volumes de la collection (introduction, chronologie, notes, bibliographie). L’idéologie se trouve déployée dans ses livres, comme c’est le cas pour Céline. Tout a été dit d’eux, ailleurs et abondamment ; ceci n’est pas le lieu pour y revenir. Aujourd’hui et maintenant, l’œuvre est en première ligne. Chacun appréciera, sans les béquilles des thuriféraires ou les dagues des vociférateurs. Le plus curieux et le plus troublant de son parcours fut ce qui le liait à Malraux. Pour preuve : on y revient sans cesse. Qu’avaient donc en commun le grand résistant et l’ami d’Otto Abetz ? En 1959 encore, Malraux déclarait : « Drieu s’exprime avec admiration vis-à-vis de moi, (et) donne peut-être l’impression que dans nos rapports, c’était lui qui m’admirait. Il n’en est rien. Je ne me suis jamais senti en état de supériorité envers Drieu. C’est moi qui admirais Drieu. Je le considère encore comme un des êtres les plus nobles que j’aie rencontrés ». Drieu, devenu pendant l’Occupation le parrain d’un fils de Malraux. Drieu suicidé en 1945 et souhaitant, dans un mot d’instructions relatives à ses obsèques : « Naturellement enterrement non religieux, strict minimum, mais des fleurs… Pas d’hommes. Sauf Malraux, s’il est là ». Certes Malraux ne peut expliquer, ni excuser Drieu la Rochelle.
« Romans, récits, nouvelles », Pierre Drieu la Rochelle, Gallimard , Bibliothèque de La Pléiade, 65, 50 euros
> Achetez les ouvrages de Pierre Drieu La Rochelle chez notre partenaire Fnac.com
À lire aussi :
Sous les cendres d’une vie, des braises jamais éteintes
Jorge Semprun : l’écriture ou la vie
Alexandre Vialatte : hommage à un écrivain exceptionnel
Les âmes grises: un livre glacial dont on ne ressort pas indemne