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Fabrice Murgia : une expérience de théâtre sensorielle

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Interview de Fabrice Murgia/ Photos DR/ Propos recueillis par Julie Cadilhac bscnews.fr/ Fabrice Murgia est un jeune metteur en scène qui a fait ses classes en tant que comédien à l’ESACT. Il travaille aujourd’hui pour le cinéma, la télévision et le théâtre.

propos recueillis par

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Avec la compagnie Artara, il a monté le mémorable Chagrin des ogres et présente pour le Printemps des Comédiens 2012 une nouvelle création , Les Enfants de Jehovah. Rencontre avec un jeune homme plein de talent dont l’esthétique, s’appuyant beaucoup sur les nouvelles technologies, nous invite à une expérience de théâtre sensorielle.

Pourriez-vous nous présenter la compagnie Artara?
A la base, c’est un collectif de jeunes artistes de plusieurs disciplines différentes qui s’est réuni pour un premier spectacle ( à l’époque j’avais 18 ans) qui se nomme « Le chagrin des ogres« . On a pu tourner en France et en Europe et ,de fil en aiguille, on a pu créer des spectacles plus importants dont les Enfants de Jehovah que l’on présente au Printemps des Comédiens.

Ces enfants de Jehovah mettent en jeu des thèmes qui vous sont assez personnels. Votre expérience est-elle toujours votre première source d’inspiration?
Je ne peux imaginer un spectacle sans qu’il soit basé sur une matière documentaire qui m’anime très fort. Je n’arrive pas à répondre à une commande ,ou à dire je vais bosser sur ce thème, s’il n’y a pas un sentiment en amont ou la nécessité d’en parler.

Est-ce le fait de devenir papa qui a déclenché l’envie de parler des siens et de leur histoire?
Oui, il y a cette question d’éducation, évidemment, et puis j’avais aussi l’envie d’en découdre avec mon histoire personnelle. La nécessité est née du tissu familial .

Vous avez dit lors d’une interview pour Les Trois Coups que « le théâtre portait un fardeau lié aux auteurs ». Un an après, diriez-vous la même chose?
Je veux dire que, quand on fait de la mise en scène, ce qui est pesant, c’est que lorsqu’on parle d’un spectacle à un programmateur, il y a toujours cette notion du texte, cette question du texte…. qui n’est pourtant pas tout le temps le premier élément de la dramaturgie. On peut créer sans avoir le texte comme principal axe mais c’est encore difficile aujourd’hui de pouvoir passer outre cette idée du texte. Avec le texte, parfois, il me semble qu’on a le sens coincé dans la bouche et qu’on est moins dans la déduction première.

Dans ces Enfants de Jehovah, quelle sorte de famille dépeignez-vous? La distribution n’est composée que de trois femmes, n’est-ce pas?Fabrice MurgiaL’idée du spectacle, c’est qu’il y a une jeune fille qui laisse un message à son frère et qui est hantée par le personnage de sa mère. Il y a deux femmes qui jouent un personnage double qui est en fait la mère, Giulia et qui représente aussi l’assemblée ; deux femmes pour jouer cette espèce de fantôme et puis il y a la fille au milieu. Le casting n’est pas une famille à proprement parler. On voit aussi un enfant en vidéo.

Vous évoquez la question des sectes :votre pièce est-elle volontairement engagée, dénonciatrice?
Il y a l’idée de dénoncer l’endoctrinement ou , en tous cas, de parler d’un moment de la vie où l’on est vulnérable, que ce soit vis à vis d’une idée religieuse ou politique. Un moment où tout peut basculer, un moment où l’on est dans une fragilité extrême.C’est l’histoire d’une femme qui a perdu un enfant et qui vient d’émigrer dans un pays qu’elle ne connaît pas et dont elle ignore la langue et c’est cette addition de peurs qui va la faire basculer dans un moment de doute.

Vous exprimez aussi l’envie de provoquer une réaction sur le rapport trouble entre les origines et l’argent..
Il y a une motivation consumériste qui pousse les êtres à bouger. Il y a l’idée qu’il faut régler par l’argent une situation, que l’argent est le nerf de la guerre. Dans n’importe quelle couche sociale, on est asphyxié à cette idée économique, cette peur qui peut être moteur de mouvement. Il y a cette perte des origines et cette envie de posséder, deux sentiments qui se mélangent dans le spectacle.

Quel point de vue avez-vous choisi? celui de l’enfant?
Tout a changé en cours de route et maintenant tout est vu au travers de la soeur qui laisse un message à son frère pour lui dire de revenir dans l’affect et de rejoindre le groupe.

Comment naît le texte?
Il naît à partir de témoignages retranscrits: interviews, documentaires qui se trouvent retransposés sur le plateau. C’est une technique qui change régulièrement, parfois on fait de l’improvisation aussi.

Quel rôle donnez-vous à la vidéo, au son et aux langages technologiques?
Elles sont des protagonistes à part entière dans le cas de l’enfant en vidéo; elles ont aussi une valeur narrative et les interventions de voix sont importantes dans la construction des personnages. Ces effets cherchent à aller au delà de la simple description; ils décalent le propos vers un endroit qui est de l’ordre de l’étrange, du mystère, de l’indéfinissable.

Votre compagnie dit vouloir créer une cohérence entre la forme scénique et le sujet…
Oui, elle cherche une sorte d’équilibre entre les éléments de la dramaturgie que sont, pour moi, la musique, la vidéo, les lumières et l’espace. C’est un théâtre d’effets et d’un coup, il faut marcher sur le fil, il faut regarder cette pensée et tendre le fil…

Vos images sont imaginées pour être à la fois sensorielles et créatrices de distance…
L’objectif est que le spectacle se fasse davantage dans la tête du spectateur que sur le plateau. Les images que l’on crée ne sont jamais fermées, il faut les compléter avec son vécu.

Sur quels autres projets travaillez-vous en parallèle?
Je fais un spectacle pour enfants à côté de ça, je fais occasionnellement du cinéma aussi et je me dirige de plus en plus vers l’écriture…écriture de scénarios de films notamment.

Dates des représentations:

Les 16,17 et 18 juin 2012 au Printemps des Comédiens ( Montpellier-Domaine d’Ô)

Le 30 septembre 2012 à Limoges Les Francophonies en Limousin

Les 13 et 14 novembre 2012 à Tarbes-Pyrénées Le Parvis Scène Nationale

Le 16 novembre 2012 à Lillebonne Juliobonna / Festival Automne en Normandie

Du 20 novembre au 1er décembre 2012 à Bruxelles au Théâtre National

Du 6 au 8 décembre 2012 à Créteil Les Théâtrales Charles Dullin – Maison des Arts de Créteil

Le 18 janvier 2013 à Istres – Le Théâtre de l’Olivier

Du 21 au 23 janvier 2013 à Montluçon – Le Festin – CDN

Le 26 janvier 2013 à Ste Maxime – Le Carré

Du 29 janvier au 2 février 2013 à Namur – Le Théâtre de Namur

Les 12 et 13 février 2013 à Neuilly-sur-Seine – Le Théâtre de Neuilly-sur-Seine

Du 19 au 21 février 2013 à Tournai – La Maison de la Culture de Tournai

Les 14 et 15 mars 2013 à Grasse – Le Théâtre de Grasse

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