Les pelles : comment elles peuvent vous sauver

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Par Marc-Emile Baronheid –bscnews.fr / Voici venir le temps des vacances, des rencontres, des idylles, des émois inoubliables, des « jamais » et des « toujours », des balivernes et des serments. Deux ouvrages vous y invitent. Un imposant livre de chevet et un petit vademecum discret, sorte d’antisèche à glisser dans le maillot . Ne les négligez pas, ils peuvent vous sauver la mise. Et méditez ce conseil de Maupassant : un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé.

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Certes, il se trouvera toujours une âme vertueuse pour ne voir dans le baiser rien d’autre que le symbole de la tendresse maternelle. Valery y pensait-il, en évoquant les « baves d’amour » ? Pas Louise Labé, qui, en promettant « quatre plus chauds que braise », replaçait l’acte dans son contexte torride. Dans un succulent traité dont il est question ci-dessous, Lydie Salvayre propose de les déguster à la carte, comme dans toute bonne maison de bouche : « onctueux, savant, frémissant, lyrique, rotatif, interrogatif, spirituel, rythmique, nominal, tourbillonnant, pointilleux, pastoral, persuasif … ». Serge Bramly et Jean Coulon ont convoqué quelque 150 chefs-d’œuvre de presque toutes les époques pour dire et tenter de comprendre pourquoi certaines cultures et certains artistes ont accordé pareil sens à la figuration de lèvres qui s’unissent. Un livre d’art, merveilleux, en hommage à un art premier.
Le souci de sérieux peut mener au cocasse. Bramly/Coulon évoquent le « rôle exploratoire » de la « prise de contact par les lèvres avec la langue »… Les amateurs de chiffres et autres bouées scientifiques retiendront l’entrée en action de 34 muscles faciaux, 12 paires de nerfs relevant des 5 sens, sans oublier l’afflux d’ocytocine, sérotonine, adrénaline et autres auxiliaires obligés, l’augmentation des pulsations cardiaques jusqu’à un rythme de petit footing et – prétendent les catherinettes – l’échange de 250 bactéries. Louise Labé n’ignorait pas que 600 degrés est la température à laquelle la braise émet son premier rougeoiement. Le baiser brûlant cesse d’être une métaphore.
Egon Schiele, Picasso, Brancusi, le vertigineux Hokusai, Jean-Léon Jérôme et tous les hôtes de ce livre inévitable n’attendent plus que votre bon plaisir.
Moustachus s’abstenir.
Les commis-voyageurs en librairie seront péremptoires : pénalisé par pareil format, cet ouvrage a toutes les chances de passer inaperçu… Il n’empêche, en voici déjà la quatrième édition, depuis son apparition en 2005 et tout laisse à penser que les deux mille nouveaux exemplaires vont tomber bientôt en de bonnes mains, pas forcément innocentes. Lydie Salvayre en Stéphane Hessel de la bagatelle ? Et pourquoi pas ! Mi-narquoise, mi-activiste, elle aborde les étapes, embûches, galères, triomphes ou chausse-trapes d’un autre chemin de Compostelle. Préliminaires, politesses, positions, soubresauts, assauts convulsifs, rien n’échappe à cette petite futée qui offre même à l’amateur de l’aider à composer sa propre boîte à outils. Restons dans l’innocemment correct avec cette approche simple : « La seule difficulté que rencontre l’exécution du baiser réside dans la présence inopportune d’une moustache masculine. La moustache masculine provoque en effet chez la femme des sensations désagréables de picotement lesquelles viennent contrarier son plaisir naissant et gêner le passage, cher à Platon, du sensible à l’essence ». Ce n’est pas la seule incursion philosophique. Nous apprenons qu’au proverbe « femme qui rit est à moitié dans ton lit », Bergson oppose sa théorie selon laquelle le rire serait grandement nocif à la fornication. Fort bien, mais a-t-on jamais vu le portrait de Bergson sur une publicité Durex ?

« Les Baisers », Serge Bramly – Jean Coulon, Flammarion, 39,90 euros
« Petit traité d’éducation lubrique », Lydie Salvayre, Cadex, collection Texte au Carré, 12 eurosEditions Cadex
Nouveauté de la collection, « Zoophile contant fleurette », de Pierre Senges, suite de 99 séquences dans lesquelles l’arche de Noé est devenue un Sofitel flottant …


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