Electro : Thomas Barrandon risque la répétition

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Par Eddie Williamson – bscnews.fr/ Les productions électro-pop années 80 du collectif Valerie continuent de faire des émules. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une playlist qu’il a réalisé pour la bande à David Grellier que j’ai découvert Thomas Barrandon. Le label Sauroid est italien, mais Thomas Barrandon, lui, est bien français. Son premier album est une sorte de cocktail électro-geek qui évoque tour à tour le 8-bits, les bandes originales de Carpenter, les mauvais effets spéciaux dans l’espace et la pizza froide.

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Dans la veine ultra nostalgique, Sauroid pousse le bouchon un peu plus loin que Valerie. Un coup d’œil à leur catalogue donne une bonne idée de leur référence clé : la sous-culture bis de l’époque de la science fiction cheap, les comics sur du mauvais papiers… les années 80, mais pas seulement ; une sorte d’enfance geek passée à croire aux OVNI, à vénérer Albator, bref, vous me suivez. On est tout près de Valerie/FVTVR mais avec la tonalité arcade en plus.

C’est séduisant, mais malheureusement je dois dire que leurs titres sont souvent prostrés dans une électro trop pittoresque qui a tendance à me lasser : d’abord parce que les sons sont toujours un peu les mêmes, mais surtout parce que je trouve que c’est typiquement de la musique « cul entre deux chaises » où charme vintage et modernité font mauvais ménage. Par exemple, j’aime très moyennement les productions 8-bits qui essayent quand même de se la jouer incrustable sur une playlist de boite. En fait, le seul musicien 8-bits que j’écoute régulièrement, c’est Divag, pour la bonne et simple raison qu’il joue à fond la carte « bande originale de jeu vidéo » et que je revis les caves labyrinthiques de Pokémon avec lui. Je parle de Divag et du 8-bits parce que je dois avouer que j’y pense sur une bonne partie d’Escape From Earth.

Dans cette catégorie, le morceau que je retiens dans cet album, c’est « Chase ». Pour le retenir, c’est sûr, c’est pas compliqué : le thème reste obstinément en tête même après que tout l’album soit passé (ou presque). « Chase », c’est pratiquement un seul thème, mais c’est surtout 4 minutes à le bourriner de toutes les façons possible. Dans la même veine, il y a aussi « The Last Race Between You And Me ». L’ingrédient bonus de l’album, c’est aussi et surtout ses échappées mélancoliques sur « Contrivance », « Watch The World Burn » ou « The Quiet Earth », des morceaux en forme de ballade électro assez lancinante, avec des tonalités beaucoup plus riches que ce qu’on a l’habitude d’entendre dans ce type de sons. C’est à la fois simple et élaboré, c’est doux, assez hypnotique. Mention spéciale à la fin de « Contrivance », savoureusement inquiétante, parfaite pour rôder dans la nuit avec un sabre laser.

Les plus malins auront remarqué que je ne parle pratiquement que de la première moitié de l’album, et bien oui, parce qu’aussi inventif et talentueux qu’il puisse être, Thomas Barrandon travaille dans une électro où le risque de se répéter plane toujours, et malheureusement, même Escape From Earth s’y brûle un peu les ailes… Comme si on finissait par avoir les oreilles un peu désinhibées. Ou comme ces odeurs qu’on ne sent plus après y avoir été exposé trop longtemps. Il faut dire que l’album est long (56 minutes). Il pourrait se passer du troisième tiers, à l’exception de « Sense Of Wonder », qui m’embarque dans une foule de sensations à la limite de l’épilepsie avec ses superpositions de nappes phasées, son fond sonore aux airs de signal radio extraterrestre et son rythme lent et pesant.

Sorti le 14 septembre 2011 (Sauroid)
En écoute sur Soundcloud : http://soundcloud.com/thomasbarrandon/sets/escape-from-earth-the-album

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