Quand la presse se raconte à la BNF
Par Soisic Belin – bscnews.fr / Le monde des médias s’est construit dans le temps, alternant périodes de libertés et censures totalitaires. Ces pages noircies qui nous informent sont aussi révélatrices d’une certaine société à un moment donné, certaines se veulent objectives d’autres preneuses d’opinion voire même donneuses de leçon, et capable d’influencer leur lectorat.
«La presse est un miroir tendu quotidiennement à la réalité mouvante des faits et des affaires» Bruno Racine.
La BNF a su établir de manière intelligible cette exposition consacrée à la presse écrite, un choix de plus de 500 pièces qui nous en donne une vision aussi bien chronologique que thématique et nous pose la question de son avenir avec l’avènement du numérique comme nouveau support.
La scénographie admirablement étudiée permet au plus néophyte de parcourir les allées sans trop de souci de compréhension : l’Histoire de la presse avec sa législation (liberté de la presse, autorité de l’état, les différents titres et leur ligne éditoriale ), le développement de ses techniques de communication et des outils journalistiques (bélinographe, appareil photo, poste de radio, jingle d’accroche), la diversification de l’information et sa spécialisation ( le dessin lors des procès pour remplacer la photo, le photo-journalisme avec Henri Cartier Besson qui mène les lecteurs sur les champs de bataille , l’avénement de la presse magazine dès 1930 qui mise sur l’image avec pour but le divertissement).
En effet, cette dernière est multiple et diverse : Féminine avec Elle dès 1945, culturelle avec Telerama, sportive avec l’Equipe dès 1946, pour la découverte et l’évasion avec Géo…People avec Voici et désormais Oops’, Public.
De nos jours la demande est forte, on est assoiffé d’information, on souhaite être au courant et «branché» 24h/24h avec le monde et pour cela les médias s’adaptent : changement de format, journaux gratuits à foison (Direct Matin, 20 minutes, Métro, ANous…), médias numériques, propositions d’envoi de SMS par certains titres, téléchargement de leur version numérique. Nous sommes dans une société de l’image, où le visuel est très important.
L’exposition a su mettre en avant cette notion avec l’exemple des attentats du 11 septembre, tous les médias reprenant en coeur des images-choc, «les Unes» du 12 septembre 2001 sont à la recherche de sensationnel pour accrocher le lectorat. Il faut se démarquer tout en ayant la même information, un paradoxe qui rend fou!
On notera l’interactivité présente sur la totalité de la salle, avec des flashs infos sonores, des vidéos mettant en scène des interviews de journalistes ayant marqué le paysage médiatique français, l’installation de poste pour la consultation des informations en temps réel… On en ressort certes plus cultivé mais peut être un peu frustré de ne pas retenir cet amas d’informations, de dates et de chiffres… Mais est-ce bien le plus important?
On l’aura bien compris comme le disait à juste titre Albert Londres, le métier de journaliste «n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie». On espère donc, que l’emploi du support numérique de plus en plus fréquent et les bouleversements que cela comporte ne mettra pas à mal la parole du journaliste et sa liberté d’expression.
La presse à la Une. De la Gazette à Internet.
du 11 avril au 15 juillet 2012