Un candidat musical pour 2012

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Par Eddie Williamson – bscnews.fr / De leur dernier album, je n’avais vraiment adoré qu’un morceau. Certes, sur les trente minutes de Guider, ce morceau en occupait seize. Mais tout de même. De Pre Language, il n’y a bien qu’un morceau qui me passe au-dessus. Et encore. Je n’ai même pas envie d’attendre la conclusion de cet article pour vous dire que ce disque est un sérieux concurrent pour le podium de mes albums préférés de l’année et que je me suis vraiment retenue pour ne pas mettre trop d’onomatopées et de points d’exclamations dans ce qui suit.

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Il semble bien que je ne puisse parler de Disappears sans utiliser d’analogies automobiles. Je vous parlais de Guider comme un album de driving music, de la musique pour conduire, parce qu’une écoute dans le siège passager de la voiture d’un pote avait fini de me convaincre de vous en parler. Sur cet album, Disappears m’évoquait l’image d’un mastodonte sur quatre roues, inarrêtable et menaçant. Leur musique était répétitive, sombre, hypnotisante, voire angoissante par moments. Enfin, c’était avant tout le dernier morceau, monolithe krautrock de seize minutes, exercice de style parfaitement exécuté.
Pre Language, le troisième album de groupe, démarre avec la batterie d’un nouvel arrivé, Steve ‘batteur du groupe culte Sonic Youth’ Shelley, qui a rejoint Disappears après le départ de Graeme Gibson. La basse de Damon Carruesco dicte déjà le rythme de mes battements de cœur. Quant à la guitare et la voix de Brian Case, qui ne cessera jamais de me faire penser à Mark E. Smith, elles font grimper la tension jusqu’à ce qu’explose dans vos oreilles un riff vibrillonnant de mille éclairs.
« Replicate » illustre bien la nouvelle évolution musicale qu’a choisi le groupe : les riffs sonnent plus clairement, les mélodies se font plus prégnantes là où un certain nihilisme habitait leur précédent disque, de nouvelles influences font leur apparition. La construction d’un morceau comme le bouillonnant « Hibernation Sickness » me fait penser au rock des années 90. Ceux qui n’aiment pas le disque parleront d’un virage « commercial », là où les autres préféreront utiliser le terme « accessible ». Vous avez compris où je me situais.

A côté de Lux ou Guider, Pre Language paraît moins compact, même s’il s’agit de l’album le plus court du groupe. Le groupe fait preuve d’une plus grande versatilité, sans jamais abandonner ce qui rend leur musique si addictive : l’impressionnante tension créée par la section rythmique et alimentée par les riffs de guitare et le chant monotone de Brian Case. Il y a véritablement une violence contenue qui se dégage de leur musique, et ils sont les maîtres dès qu’il s’agit d’exploiter cette tension tout au long d’un morceau. « Joa » illustre parfaitement cela pendant près de 6 minutes. Si jamais je devais construire une bande-son pour un film d’action ultra-violent, ce morceau en ferait définitivement partie.
Je ne me souviens du nom d’aucun morceau de Lux, un seul de Guider, mais je suis sûre que d’ici quelques mois je pourrais vous citer 5 ou 6 noms de morceaux de Pre Language. Sans perdre leur identité, le groupe a réussi à alterner leur manière de construire leurs morceaux. Ainsi il y a beaucoup plus de moments mémorables, que ce soit un riff, une mélodie, une montée en puissance… C’est comme si l’on distinguait avec plus de précision la mécanique derrière la machine Disappears, que les caractéristiques de chaque morceau se faisaient soudainement plus visibles, compréhensibles. Il est ainsi plus facile d’apprécier séparément chaque morceau, et mis à part l’ennuyeux « All Gone White », dieu que tous ces morceaux ont des arguments pour vous plaire.

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