Ensemble Economique : une boule de neige qui vous avalera toute entier

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Par Eddie Williamson – bscnews.fr / Je ne sais pas si c’est un effet connu ou si je suis juste bonne pour l’asile (ce qui expliquerait pas mal de choses), mais le simple fait de fixer intensément quoique ce soit le rend parfois effrayant, que ce soit une peinture ou une photo, ou même en me regardant dans les yeux dans le miroir (ça c’est plus compréhensible). Un morceau d’Ensemble Economique, c’est une phrase musicale, un rythme, une progression de cordes, qui fait boule de neige, prend de l’ampleur et devient lentement de plus en plus impressionnante avant de s’évanouir dans le noir. Au passage, cette boule de neige vous a avalée toute entière et vous n’en ressortez pas tout à fait indemne.

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Je ne réussirai pas à écrire cette critique sans sortir l’adjectif « cinématique », alors autant s’en débarrasser maintenant. Oui, on dirait la bande-son d’un film. Mais il faudrait que ce soit un sacré chef-d’oeuvre pour lui faire honneur. Un film sombre, complexe, obsédant, dérangeant. Le défaut d’un album que les critiques caractérisent comme « cinématiques », c’est que le lecteur pense tout de suite que c’est une musique qui ne vaut rien si elle ne s’accompagne pas d’images. Ou alors que c’est une musique qu’il faut écouter dans des conditions très particulières pour l’apprécier. En tout cas c’est ce que je pense quand je lis ce terme dans une critique, ce qui me décourage souvent d’écouter l’album, peut-être que c’est votre cas également (c’est comme « expérimental », j’appréhende toujours l’écoute d’albums qualifiés ainsi).

Cet album est tellement brillant que ce serait dommage de passer à côté à cause d’une idée pré-conçue. Les six morceaux de Crossing the Pass, By Torchlightdépassent tous les cinq minutes, sauf « Everything I Have I Give to You » qui se détache du lot par sa brièveté et sa relative clarté. Je la trouve moins agréable que les autres, impossible de rentrer dedans. Sortie du contexte de l’album, elle tient plus que largement la route et j’arrive à l’apprécier, mais entre l’intense, vibrante « To Feel the Night as it Really Is » et la menaçante « Sparks Exploding, Splintering Blackness », je ne trouve pas qu’elle ait sa place. Les cinq autres morceaux sont suffisamment longs et bien construits pour laisser le temps de s’y installer.

Par réflexe j’allais ajouter « confortablement », mais comme je vous le disais plus haut, je ne trouve pas cette musique très confortable. C’est un drôle de sentiment, et je me sens obligée de revenir au cinéma : c’est comme un de ses films où vous avez juste envie de fermer les yeux et de vous boucher les oreilles, non pas parce que c’est une scène dégueulasse, mais parce que l’intensité est juste insoutenable. Vous avez envie de prendre une pause et de respirer, mais vous ne pouvez pas. J’sais pas pour vous, mais c’est pour ce genre de moments que je vais au cinéma. Et c’est ce genre d’intensité qui se dégage de certains morceaux de cet album. Il n’y a même pas besoin d’images, de scénario, il n’y a aucun effort à faire pour « entrer » dans le morceau (ou la boule de neige, si vous êtes encore sous le choc de ma métaphore bizarre de là-haut).

Comme j’essayais de l’expliquer dans le premier paragraphe, il n’y a pas d’énormes changements, mouvements, du début d’un morceau à l’autre. On retrouve les mêmes sons au début et à la fin, c’est juste que Brian Pyle, l’homme derrière Ensemble Economique (ainsi que Starving Weirdos et RV Paintings), arrive à travailler autour de ces idées musicales (j’sais pas comme les appeler autrement) pour les faire grandir, les nuancer, les faire vivre tout au long d’un morceau. Ce n’est pas un crescendo grandiose et épique, c’est une lente progression vers une destination incertaine, « Somewhere, Anywhere ».

Je n’ai aucune idée du morceau que je préfère, je pense que ce disque s’apprécie mieux par une écoute complète, même si je zappe volontiers le morceau dont je vous parlais au troisième paragraphe (comment ça vous avez déjà oublié ?!). J’écoute finalement peu de musique électronique, donc vous dire que ce disque est mon préféré de ce genre n’a pas grand intérêt pour vous, mais je vous invite comme toujours à lui donner sa chance, même si vous ne vous considérez pas comme un/e grand/e fan de musique électronique (ou expérimentale) (ou cinématique).

Sortie le 29 novembre 2011 (Dekorder)
Ecouter un extrait : http://snd.sc/gXGoPx

> Ensemble Economique   Crossing the Pass, By Torchlight

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