Sans oublier le portrait mythique des trois Roumains : Cioran, Eliade et Ionesco. Photographe de référence pour l’ensemble de l’édition, indépendant depuis 1968, collaborateur de l’agence Gamma, des « Nouvelles Littéraires », du « Magazine Littéraire », du « Figaro littéraire », de « Stratégie », du « Journal de la Presse », de « Sud-Ouest », Louis Monier est également le créateur de l’agence de photos de presse Monier A.P.P.M. depuis 1981. Photographe de la Maison de Marguerite Yourcenar à Bailleul, résidence d’écrivains européens, il est l’auteur de près d’un million de négatifs : quinze mille écrivains !. Plus récemment, il a réalisé cent photographies pour un livre sur le graphiste Massin aux Editions Phaïdon. Il a publié récemment « Métiers de toujours : la belle ouvrage », en collaboration avec Albine Novarino, aux éditions Omnibus. Il est également l’auteur du portrait de Florence Aubenas diffusé dans les médias. Son dernier livre « Philosophies de Bachelard à Derrida », avec Marc Le Ny, préfacé par Monique Dixsaut (Eyrolles) propose un panorama de l’histoire de la philosophie française contemporaine. Près de cent philosophes font l’objet d’un portrait d’art. Parmi eux : Bachelard, Gabriel Marcel, Jean Guitton, Vladimir Jankélévitch, Raymond Aron, Jean-Paul Sartre, Claude Lévi-Strauss, Simone de Beauvoir, Albert Camus… En regard de chacun de ces visages, une citation, une bibliographie et une présentation de Marc Le Ny, professeur agrégé de philosophie et enseignant. Un livre sensible et pédagogique. Un cadeau fabuleux.
Après vos études au Lycée Emile Loubet de Valence et à l’Institut Florimont à Genève, avant de rejoindre l’École supérieure de journalisme de Paris, comment vous est venu ce métier de photographe ? Pourquoi avoir choisi de photographier des écrivains ?
Quand j’étais enfant, j’aimais beaucoup dessiner, je parvenais à faire des dessins de la nature et de villes mais je restais impuissant devant la réalisation d’un portrait. Quand mon père m’a offert mon premier appareil photo, j’ai photographié aussi bien des paysages que mes professeurs. La révélation de ma passion pour le portrait furent les photographies de Gisèle Freund dans le Lagarde et Michard, particulièrement celle de Paul Valery et de Bernard Shaw. Je n’ai jamais cessé d’y faire référence. J’ai même eu le plaisir et l’honneur de la recevoir dans mon studio du 10e arrondissement.
Comment concevez-vous le métier de photographe ? Pourquoi le noir et le blanc ?
Jusqu’à l’arrivée du numérique, le métier de photographe pouvait conjuguer deux activités : celle des commandes qui vous permettait de vivre, et celle de travailler en spéculative. C’est dans cette dernière où, n’étant pas pressé par le temps ni la nécessité de rendre un travail à une date déterminée, que le talent peut le mieux s’exprimer. L’argentique fait obligation au photographe de se heurter à la difficulté technique, de même que l’ébéniste se frotte à la matière, contrairement au numérique ou chacun peut produire une image propre et nette. Regardez la volée de moineaux avec leurs appareils à la sortie d’un mariage… Le Noir et Blanc concentrent l’attention. Avec ses millions de nuances de gris, c’est le plus coloré !
La photo, dites-vous, est une interview…
Photographier un écrivain ce n’est pas photographier une potiche, c’est d’abord une rencontre avec un auteur. Il faut arriver à ce qu’il parler de lui, lui permettre de se dévoiler, de prendre des expressions différentes. L’aider à oublier que vous êtes là, avec votre matériel et votre éclairage. Comme je suis très curieux et que la personne sent mon intérêt réel pour ce qu’elle m’apprend, une complicité naît et me permet de saisir un peu son esprit.
Vous avez pris une photo mythique place Furstemberg des écrivains roumains, Ionesco, Cioran, Eliade, racontez-nous comment s’est passé ce moment.
La rencontre des trois roumains a été un grand moment pour la littérature Roumaine car Cioran Ionesco et Eliade se connaissaient mais ne s’étaient jamais réunis. Je les avais photographiés individuellement. C’est pourquoi ils ont accepté que je les prenne en photo ensemble grâce à l’intervention de l’Editeur Pierre Belfond.
Quels souvenirs gardez-vous d’ « Apostrophes » ?
Je n’étais pas le photographe d’Apostrophes tout en ayant eu la chance de pouvoir y effectuer de très nombreuses prises de vue grâce à Bernard Pivot qui vient de rendre un bel hommage à mon dernier ouvrage et à sa merveilleuse préfacière, Monique Dixsaut.
Votre livre est un magnifique hommage aux philosophes. Comment captez-vous l’intelligence, la réflexion, cette gaieté qui caractérisent ces philosophes ?
Les philosophes sont les écrivains avec qui je ne parle jamais de philosophie car je n’ai pas la formation. Je les laisse à leurs querelles… En revanche, j’ai eu de passionnantes conversations, leur regard sur la vie est très pointu. Ils savent analyser les âmes.
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