
Jacques Vincey : un conte de Bonnes « merveilleux »
INTERVIEW DE JACQUES VINCEY/ Propos recueillis par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Comédien puis metteur en scène, le parcours dramatique de Jacques Vincey, aussi foisonnant que passionnant, demanderait trop de lignes pour être exhaustif. On dira donc qu’il a joué sous la direction de Patrice Chéreau, Bernard Sobel, Robert Canterella ou encore Luc Bondy et que nombre de ses mises en scène ont eu du succès et pour n’en citer qu’une, sa Madame de Sade de Yukio Mishima qui a été nominée trois fois pour un Molière et a été récompensé du Molière du créateur de costumes.
En mai 2012, il montera Amphitryon de Molière au Théâtre du Vieux Colombier de la Comédie Française. Pour cet automne 2011, il a imaginé avec trois comédiennes virtuoses une mise en scène des Bonnes de Jean Genet. Comment a-t-il choisi de représenter cette pièce troublante où trois dames « déconnent » et oscillent entre mensonge et sincérité, force morbide et fragilité, tendresse et haine? Comment a-t-il souhaité représenter cette part troublante d’humanité qui exprime des pulsions inavouables et étouffe dans le carcan insupportable de sa conscience égratignée? Fermez la fenêtre et tirez les rideaux, c’est l’heure d’écouter Jacques Vincey en buvant un tilleul…
Qu’est-ce qui plaît selon vous dans l’écriture de Jean Genet?
Je crois que Genet apporte quelque chose dans la littérature d’après-guerre qui n’existait pas avant. Comme il l’a dit lui-même, il a parlé de la prison, de l’homosexualité, des voyous, de la révolte qui est au coeur de son oeuvre mais il en a parlé avec le langage de la littérature avec un grand L. Il ne s’est pas servi de l’argot des voyous pour parler des voyous. Il a donc développé une langue et des thématiques nouvelles qui résonnent encore aujourd’hui avec une part de provocation sulfureuse – qui peut-être s’est atténuée un peu avec le temps- mais qui restera toujours cette nécessité de passer par les mots, la littérature et l’art en général pour s’arracher à une condition qui lui était insupportable: celle d’orphelin au départ et puis celle des marges dans lesquelles il a été toute sa vie. Dans son écriture, il y a cette dynamique de passer par l’art pour supporter la réalité.
Et pour quelles raisons vous-même l’avez-vous choisie?
J’en suis arrivé à monter cette pièce à la suite d’un parcours de mise en scène et de différents textes que …