Les révoltés du Bounty : l’histoire est en marche
Par Blandine Dumazel – BSCNEWS.FR /C’était le 28 avril 1787…Il était une fois les Révoltés du Bounty ! Le Bounty ? Sûr, vous vous souvenez de l’acteur, Marlon Brando, Christian Fletcher, et de Tarita, la belle vahine Vaimiti. Mais, savez-vous qui a écrit l’œuvre littéraire qui a inspiré Lewis Milestone, réalisateur de ce fameux film – culte, diront les amoureux – réalisé en 1961 à Tahiti ? Suivez-moi, je vous invite à faire la connaissance de James Norman Hall.
Une vie d’aventure
La vie de l’écrivain américain James Norman Hall s’est tissée autour de deux événements majeurs : le premier, grave et douloureux, la 1ère Guerre mondiale, où il s’est distingué avec courage à plusieurs titres ; le second, choisi et heureux, dans les Mers du Sud. Alors qu’à Paris, l’Exposition Universelle s’est clôturée dans l’euphorie, James Norman Hall va découvrir le vieux continent européen. En 1917, pilote américain, il rejoint l’Escadrille La Fayette. Cet engagement militaire bousculera sa vie et le hissera au rang des héros. Soigné à Paris pendant deux mois, capturé par les Allemands, plusieurs mois prisonnier, évadé quatre fois… Le héros eut l’honneur de plusieurs citations et reçut en 1918 de nombreuses médailles à Paris pour ses hauts faits militaires. À la fin de la guerre, Hall rencontre et se lie d’amitié avec Charles Nordorff, militaire également. Ils ont un point commun : tous deux sont déjà des auteurs publiés. Et, plus tard, leur éditeur leur proposera d’écrire des nouvelles de voyage. L’aventure continue…
Une vie d’écriture romanesque
A eux, le Mythe de Tahiti ! Installés à Tahiti dans les années 1920, île au bout du monde au cœur du Grand Pacifique, James Norman Hall choisit le district de Arue, calme et encore sauvage ; il fait construire sa maison idéalement située face à la baie de Matavai. Toujours à la découverte de cette terre nouvelle et de ces gens, Hall vécut de longues années avec son épouse tahitienne Sarah Teraureia Winchester, surnommé « Mama Lala », et leurs enfants Nancy et Conrad. C’est dans cet environnement entre mer et montagne, que l’idée d’écrire autour de l’histoire du Bounty s’est imposée. Hall avait acheté à Paris chez un bouquiniste des bords de Seine, le petit livret de Sir John Barrow publié en 1837 sur l’histoire vraie des mutinés du Bounty. Charles Nordorff, l’ami d’écriture est enchanté. La machine à écrire est lancée, l’inspiration féconde.
La trilogie de la Bounty prend vie
Histoire tragique de l’équipage d’un navire de Sa Très Gracieuse Majesté dépêché dans les mers Sud à la fin du XVIIIe siècle. Des aventures les plus inouïes qui se puissent imaginer : de celles que seule la fantaisie fiévreuse d’un romancier peut semble-t-il concevoir… mais qui en l’occurrence se trouve coïncider avec la stricte réalité. « Les Révoltés de la Bounty », le premier volume, fait revivre l’épisode de la mutinerie. En 1787, le Bounty appareille pour une mission d’exploration dans le Pacifique Sud. Il doit ramener de Tahiti des plants d’arbres à pain et les transporter à la Jamaïque. A son bord, les brimades du capitaine Bligh minent le moral de l’équipage et le 28 avril 1789, après une escale à Tahiti où l’équipage découvre les merveilles de la vie sauvage, Fletcher Christian, officier en second, s’empare du navire à l’aide de huit hommes d’équipage. Le second roman, « Dix-neuf hommes contre la mer », le plus « marin » des trois – peut-être le chef-d’oeuvre de Nordhoff et Hall – est centré sur l’incroyable aventure du capitaine Bligh. L’écrivain américain James Norman Hall a joué un rôle majeur dans l’édification et la diffusion du » mythe de Tahiti » en écrivant, avec Charles Nordohff, la trilogie de la Bounty et ses fidèles abandonnés en haute mer dans une chaloupe au lendemain de la mutinerie. Bligh réussira à sauver cet équipage terrorisé par les éléments, après une navigation de plusieurs milliers de kilomètres. Revenu à Londres, il mettra en route la terrible vengeance qu’il a préparée contre les mutins. Le troisième et dernier volume, « Pitcairn », le plus mélancolique – et le plus ambitieux –, évoque le grand rêve utopique du capitaine Christian Fletcher, exilé volontaire sur un îlot perdu du grand Sud avec ses compagnons mutinés.
Ma visite auprès de « Papa Hall » – comme disaient les gens d’Arue s’achève. L’écrivain n’a pu terminé son roman autobiographique ; l’un de ses amis l’a fait, «My Island Home ». Il est décédé en 1951. Il repose sur la colline dans le grand jardin sous les frangipaniers, aux côtés de sa femme disparue en 1985. Je souhaite que la personnalité de l’homme vous donne envie de le connaître mieux en allant découvrir ses livres, lesquels ont souvent inspirés de nombreux grands films d’aventure. Norman Hall fait partie des personnalités qui ont marqué Tahiti. «Il fut l’Américain le plus aimé des Tropiques. D’une grande gentillesse et toujours attentif à ceux qui l’entouraient. », disait de lui James A. Michener, un ami.
Pour aller plus loin :
Ce que l’on sait peu… Après leur mutinerie, les révoltés commandés par Christian Fletcher, avant de porter leur dévolu sur Pitcairn, passèrent trois mois à Tubuai dans l’archipel des Australes en Polynésie, pensant s’y établir. Quelles furent les réactions des habitants, lesquels n’avaient jamais vus de bateau occidental avant ? Pourquoi les mutinés furent-ils amener à construire un fort pour se protéger ? Un documentaire–fiction (www.localvision.pf) raconte l’épisode méconnu de l’aventure incroyable des fameux mutinés du Bounty. A découvrir.