Interview de Fabrini Crisci – Propos recueillis par Julie Cadilhac –PUTSCH.MEDIA/
Depuis tout jeune, vous souhaitiez être magicien? A vrai dire, dès l’age de sept ans ,je disais à mes proches que j’étais un magicien et on ne comprenait pas mais quand j’ai eu 15 ans je suis rentré dans un magasin de trucs et astuces, et tout s’est déclenché dans ma tête. A l’age de 18 ans, je me produisais dans les bars et restaurants. Mon cachet, c’était le fait d’enchanter les gens avec mes tours.
Qu’est-ce qui vous attirait dans le métier de magicien? L’idée de métamorphoser les choses? d’être le maître des illusions? le caractère joueur de l’activité? Quand j’ai decouvert la magie, je me suis perçu comme quelqu’un de spécial aux yeux des autres, je faisais des choses que peu de gens pouvaient faire, et avec ces dons j’ai été très apprécié.
Quelle(s) sorte(s) de magie pratiquez-vous? J’ai commencé avec ce qu’on appelle dans le métier le “Close-up”, c’est à dire la magie de proximité, celle que l’on pratique très près des gens. Après, je me suis intéressé à la Manipulation de Cartes. Dans cette spécialité, j’ai d’ailleurs gagné plusieurs prix, et finalement j’en suis arrivé à pratiquer la Magie Générale qui mélange plusieurs catégories.
On peut lire sur Myspace que vous êtes un « magic cartoonist » : qu’est-ce que cela signifie? J’ai toujours été un passionné de dessin. En 1998, j’ai commencé à faire quelques portraits des artistes avec qui je partageais la scène. Après, c’est devenu une tradition dans les cabarets, et les gens me demandaient de dessiner à chaque représentation. Un jour, j’ai imaginé faire des dessins exclusivement de magiciens. A cette époque, je partageais la scène avec Gaétan Bloom,un magicien Français très connu, et c’est grâce à lui que j’ai réussi à publier un livre appelé MAGICARTOON, un grand succès dans le milieu des magiciens.
Donc, en plus d’être magicien, vous êtes peintre? Diriez-vous que ces activités peuvent être complémentaires?
Sûrement oui! la magie est ma première source d’inspiration mais il n’existe pas plaisir plus grand que de voir une idée prendre forme sur une toile blanche.
Dans quelle mesure votre pays d’origine, le Brésil, influence votre trait? Je suis très influencé par certains dessinateurs brésiliens.D’eux, j’ai appris surtout à exagérer les proportions mais aussi à observer les détails.
Vous pratiquez aussi la caricature il me semble…de façon générale, votre pinceau s’adonne donc à plaisir à l’exagération des traits…. C’est exactement ça! Par principe je suis une personne qui exagère un peu dans ses attitudes; alors ça m’est très facile de me laisser aller à exagérer dans une toile…..
L’univers du cirque et son atmosphère particulière, ses couleurs et ses motifs semblent vous fasciner…quel autre métier auriez-vous aimé pratiquer sous un chapiteau? L’univers du cirque est sans doute, ma plus grande source d’inspiration: les couleurs, les lumières, les artistes, le quotidien du cirque, c’est unique! mais jamais dans ma vie je n’ai voulu être un artiste de cirque; j’appartiens plutôt au monde des cabarets et théâtres. Le personnage de cirque dont je me sens le plus proche? le clown blanc.
Les masques, les jeux de cartes, les chapeaux ( hauts de forme) sont également des thèmes récurrents…parce que vous êtes un peintre de l’illusion et que c’est votre inspiration première? Je peux dire que la magie est très présente dans ma vie, je ne peux pas y échapper: je suis un peintre de l’illusion. Mes personnages ,d’une façon ou une autre, sont liés à la magie, je suis fasciné par les chapeaux haut de forme, par la façon dont les magiciens s’habillent, par les jeux des cartes; tous ces éléments font partie de mon être et je ne prétends pas les enlever.
Quel adjectif utiliseriez-vous pour définir votre art? Magique avec un grand “M”.
Quels peintres ( et autres artistes) ont influencé de près ou de loin votre travail?
Comme la plupart des artistes peintres, moi aussi j’ai été influencé par d’autres artistes contemporains tels que Mark Ryden, Joe Soren, Aaron Jasinski, Juarez Machado etc. Je ne peux pas oublier Tim Burton, c’est grâce à lui que j’ai développé mon propre style.
Vous vivez aujourd’hui à Munich…dans quelle mesure l’Allemagne vous a influencé dans vos disciplines artistiques?
C’est vrai que ces quatre dernières années, j’ai vécu en Allemagne, mais avant cela, j’ai vécu 18 ans en France, à Paris et je crois que la France a exercé une influence beaucoup plus importante dans ma vie de peintre puisque c’est a Paris que j’ai me suis vraiment intéressé à la peinture.
Brésil et Allemagne: deux pays qui semblent antithétiques autant par leurs couleurs que leurs climats: l’un apparaît comme festif, lumineux et libéré, le second bien plus rigoureux et austère…au delà des clichés de départ, la fusion de ces deux pays dans votre personne a -t-elle eu des conséquences dans votre art? Je suis sûr que si je ne travaillais pas dans un cirque en Allemagne, j’aurais complètement perdu le sens de la couleur, et certainement que je ne ferais que du noir sur blanc. La différence entre les deux pays est immense: la culture, le climat, l’architecture, etc… l’Allemagne n’a pas influencé du tout mon travail, mais les allemands apprécient beaucoup mon travail.
Pourriez-vous choisir une de vos oeuvres et nous en expliquer l’origine et la construction…
C’est très difficile pour moi d’en choisir une parmi tant d’autres, mais je crois que ma toile intitulé “Cabeças” (Têtes) que j’ai peinte à Amsterdam pendant la tournée avec le Cirque Roncalli raconte une belle histoire.J’ai voulu mettre sur une même toile des artistes qui avaient tous en commun quelque chose sur leur tête et c’est grâce à ce détail qu’ils pouvaient etre reconnus, meme s’ils n’avaient pas de visage.
Est-il possible de voir vos oeuvres exposées en France? Continuez-vous à faire des shows de magie et partez-vous en tournée internationale? Je n’ai jamais eu la possibilité de faire une exposition en France mais cela reste toujours un rêve. Je continue à parcourir le monde avec mon numéro de variété « Vik et Fabrini » et dans un futur pas très lointain j’envisage de me dédier entièrement à la peinture.
