Auteur jeunesse : Christos
Propos recueillis par Julie Cadilhac – PUTSCH.MEDIA /
Quel plaisir prenez-vous à écrire pour les enfants? Qu’est-ce qui vous accroche dans l’imaginaire enfantin?
Il y a plusieurs raisons à cela : Tout d’abord, c’est mon amie qui m’a poussé à le faire, je n’y suis pour rien ! Le coupable, c’est toujours l’autre… Bref, je m’explique : j’écrivais depuis une quinzaine d’années des textes de chansons pour différents groupes et j’avais aussi, aux abords de la trentaine, eut la prétention d’écrire des romans… Velléités vite refrénées par un constat cruel : mon manque de talent en la matière était quasi palpable ! Donc, quand j’accédais à la requête de ma douce, qui avait insisté durant une longue année, c’était plus pour lui faire plaisir que par un réel désir d’écrire pour les enfants. Alors, j’ai écrit. J’ai écrit une cinquantaine de textes en dix mois… Sans me rendre compte que le temps passait… Puis, j’ai relevé la tête de la feuille, sur laquelle je griffonnais une nouvelle idée, et j’ai soupiré d’aise : « Bon sang, c’est sacrément bon ! Je vais continuer ! »J’ajouterais que j’écris depuis l’âge de dix ans et que depuis que j’écris pour les enfants, je retrouve cette liberté que j’avais enfant, lorsque j’écrivais comme ça, pour le plaisir parce que j’adorais ça ! Sans peur d’être jugé. Il est aussi agréable d’écrire des textes courts, genre peu prisé des adultes, (excepté quelques rares amateurs de nouvelles) qui n’obligent pas à construire les plans de longue haleine nécessaires aux romans.Ayant trois enfants, j’ai envie de leur parler et je ne sais pas toujours le faire. Le dire avec une histoire est souvent plus agréable. Surtout quand il s’agit de sujets délicats.Je me sens plus libre, les enfants ne sont jamais surpris (jusqu’au CP surtout) quand je leur raconte qu’un robinet veut partir en voyage et ne le fait pas, au contraire, ils demanderont : Pourquoi il ne part pas en voyage ? Parce qu’il doit laver chaque matin une paire de mains, maniaque de l’hygiène qui refuse de lui donner les congés qu’il mérite !Voilà, je n’ai pas à échafauder des théories fumeuses afin d’expliquer pourquoi un robinet a besoin de souffler un coup, alors qu’ avec les adultes, si ! C’est donc une réelle liberté.
Quels personnages vous fascinaient dans les contes autrefois? Tout petit, étiez-vous déjà un fervent passionné des dragons?
Alibaba, Aladin, Mangazou, les princesses, l’ogre et le loup. Non, je n’ai pas souvenir de dragons étant enfant…
Votre récit, Fumus, cherche-t-il à sensibiliser les enfants sur les effets de mode? Ou plutôt sur le fait que chacun peut trouver une place et servir aux autres?
Il évoque en effet, en filigrane, le phénomène des modes, notamment au cinéma, en littérature, dans le monde des jouets et des vêtements. Mais c’est plutôt un second niveau de lecture, destiné aux parents qui lisent les livres aux enfants. Ou pour aborder le sujet avec eux lors d’interventions scolaires. Ce livre parle également des rêves. Et dit qu’un rêve simple qui se réalise rend plus heureux qu’un rêve lointain et intouchable, même si celui-ci semble noble, clinquant ou merveilleux Etre vedette de cinéma ou pop star, par exemple, sont des désirs actuels et apparaissent aux yeux du plus grand nombre comme des sommets à atteindre. Être boulanger est un rêve modeste qui n’intéresse que peu d’enfants… Pourtant, Fumus, en acceptant de servir les autres et de revenir à des choses simples, trouve vraiment sa place et le bonheur. Il n’est pas certain que le show biz lui aurait apporté un bonheur aussi simple et léger.
Quelle est, selon vous, la recette idéale d’un texte pour enfants? Quels ingrédients sont indispensables? facultatifs? Je ne crois pas qu’il existe une recette idéale. Même en lisant depuis neuf ans des histoires à mes enfants, je ne connais toujours pas la recette idéale, si ce n’est qu’il faut une belle histoire, il faut que les dessins les touchent, les séduisent (ne me demandez pas comment…) et que la magie opère. Le reste est dans le mystère de l’alchimie littéraire… (Je sais, c’est facile…) Ah si, un ingrédient qui n’est pas indispensable : la littérature justement ! Il ne faut pas chercher à faire « littéraire », il faut plutôt s’imaginer conteur, vêtu de haillons, dans une ruelle hors du temps, des enfants s’approchent et attendent que vous racontiez… ils ne veulent pas de phrases, pas de blablas, de digressions ou de prouesses verbales. Ils veulent une histoire, une merveilleuse histoire ! Et c’est à vous de les emporter…
Connaissiez-vous Sylvie Giroire? Quel souvenir de vos regards sur les premières planches de son travail?
Oui, nous nous sommes rencontré lors d’une intervention scolaire. C’est une personne discrète et charmante, nous avons eu d’excellents rapports et j’espère réitérer l’expérience à ses côtés ! J’ai immédiatement adoré l’aspect fantasmagorique et de science-fiction de ces illustrations. Je trouve qu’elle parvient à faire passer beaucoup d’émotions dans les regards de ses personnages. Son Fumus en gros plan m’émeut à chaque fois !
Pourriez-vous nous parler de Funambule déjà paru et de Dracoola à paraître? Entre Dracoola et Fumus, on sent comme une affection pour les « grosses bêtes »?
Le Funambule paraîtra courant mai, il parlera de la période charnière entre l’enfance et l’adolescence où il est parfois difficile de quitter les nuages sucrés de l’enfance et de redescendre sur terre pour préparer sa vie d’adolescent, puis d’adulte. Quant à la seconde question, je dirais oui, j’aime bien les grosses bêtes…blessées. Un peu comme moi. Un de mes héros étant enfants était … Caliméro !
D’autres projets dans la besace? Avez-vous déjà écrit pour les plus grands? Seriez-vous tenté?
J’écris actuellement un roman pour les 10/11 ans. Je ne suis pas tenté d’écrire pour les plus grands, pas maintenant. J’ai encore beaucoup de pistes à suivre avec les enfants, beaucoup de chemins buissonniers sur lesquels je prends énormément de plaisir.