Bob Dylan – Highway 61 Revisited
Dans Highway 61 Revisited Dylan se détache de l’image de revendicateur ou de protestataire qu’il traîne depuis “Blowin’ in the Wind” (écrite à 20 ans, j’vous le rappelle – d’ailleurs il n’a que 24 ans quand sort Highway 61). Les paroles sont plus étranges, pleines de références littéraires, pleines d’un cynisme froid, de métaphores hilarantes. Il y a bien sûr des chansons moins “politiquement sensibles” si on peut dire, et donc un peu moins éclatantes, inspirantes et jouissives que les autres, mais toujours très belles et inspirées. “Queen Jane Approximately” et “Just Like Thumb’s Blues”, dont j’ai commencé à comprendre le sens qu’en allant lire des bouquins de décorticage de paroles. Pour comprendre précisément ce que veut dire Bob Dylan dans ses paroles, c’est un sacré boulot. Il y a toujours des références que je ne comprends pas, et c’est pas faute d’avoir essayé.
Musicalement, “Like a Rolling Stone” a tout changé. Avec ce titre, un folkeux devient une star gigantesque, une icône populaire gigantesque. Avec ce titre de plus de 6 minutes, Dylan explose le format “moins de 3 minutes” des singles. Ce titre est une claque monstrueuse dans la tronche de tout le monde. Pendant 6 minutes l’intensité ne descend pas d’un chouïa, avec un Dylan plus brutal et urgent que jamais. L’enregistrement de la chanson en lui-même était, selon les mots d’Al Kooper, organiste pour l’occasion (il ne savait quasiment pas en jouer et s’est retrouvé là par hasard), “complètement désorganisé, complètement punk”. Aucune note n’était écrite, “c’est juste arrivé”.
Brutal, garage, complexe, faussement poétique, Highway 61 Revisited redéfinit les codes de la musique populaire, met au point le folk-rock, explose les conventions et instaure Bob Dylan comme l’une des plus grandes stars de la musique, à seulement 24 ans. C’est le chef-d’oeuvre du bonhomme et mon album préféré. Comme dit Al Kooper, “c’est juste arrivé” et ça a tout changé.
Sortie : 30 août 1965