J’ai fait une rencontre de hasard avec Monsieur Laffont, alors directeur du Groupe Hervé de La Martinière. C’est comme cela que je suis rentré à La Martinière puis chez Ramsay et maintenant au Cherche Midi où je suis directeur de collection.
Quels sont les raisons principales qui vous poussent à refuser des manuscrits?
Je pense que la première chose qui me pousse à refuser un texte est la présentation que l’auteur fait de lui-même ou oublie justement de faire. La deuxième est la qualité du texte qui laisse à désirer dans la plupart des cas et la troisième chose qui me tient le plus à coeur est la présentation du texte. Car présenter un manuscrit à un éditeur fait appel à des codes stricts et le manquement à une présentation impeccable est pour moi rédhibitoire!
Qu’est ce qui vous séduit dans un projet littéraire ?
Je crois que chaque projet littéraire doit correspondre à un sens profond du texte accompagnée d’une portée littéraire et d’un message fort. Sans cela, quel intérêt?
Si vous aviez un conseil à donner aux auteurs qui cherchent à publier mais sans succès?
Je conseille aux auteurs qui cherchent à publier de venir me voir pour des conseils et un avis. Car je reçois tous les auteurs même ceux à qui je refuse les textes car j’ai un grand respect pour quelqu’un qui met sa passion et son enthousiasme au service de la création. Sur le plan de la forme, je ne dirais jamais assez d’aérer vos textes et de les rendre lisibles sans compter qu’il faut les relier, les accompagner obligatoirement d’une lettre de présentation et même d’un CV s’il le faut ! Et je le redis, respectez les codes fondamentaux de présentation et sachez vous remettre en question !
Publiez-vous en majorité des manuscrits que vous aimez ou des textes que le public apprécie particulièrement?
Je publie des textes parce que je leur trouve un sens et une profondeur. Un livre doit amener quelque chose de nouveau.
Pensez-vous que des auteurs de talents peuvent-ils être oubliés lorsque que leur manuscrit arrive par la poste?
Au Cherche Midi, nous recevons environ 150 manuscrits par mois et nous publions 10 nouveaux auteurs par an. A ce titre, je ne comprends certains comportements d’éditeurs envers les auteurs inconnus. Fort de ce respect profond que j’ai pour les créateurs, je pense que certains éditeurs font honte à la profession.
Pensez vous que le marché du livre s’adapte à une mode de genre et de style comme peut l’être la « Harry Potter Mania» ?
Il a des effets de mode mais le livre reste un objet sacré qui pour moi, représente l’art premier. Et je ne cesse de défendre cette exception culturelle au coeur même de l’exception culturelle. Ainsi, on ne peut pas faire n’importe quoi. C’est pour cela que je le répète, je publie des ouvrages qui sont porteurs de sens.
Quel regard portez-vous sur l’édition numérique?
L’édition numérique est un scandale ! Elle cannibalise notre métier. Un livre reste un livre et nous ne devons pas le compromettre dans l’ère du numérique. Pourtant, je suis moi-même quelqu’un d’avant-gardiste au sujet des nouvelles technologies. Mais je refuse que la littérature sombre dans ce penchant là que j’estime comme débile.
Le livre est le pré carré de la culture et je me battrais contre toute forme de son aliénation au numérique! Et puis je me demande qui bouquinera devant son ordinateur le soir avant de se coucher avec son ordinateur sur les genoux ! C’est complètement débile et scandaleux!
Parlez-nous de la dernière publication au sein du Cherche Midi?
Nous avons beaucoup de publications en cours et notamment l’ouvrage de Jean-Christophe LAGARDE “Les Hypocrisies françaises”, le livre de Guy BEDOS “Sarko & co” ou encore le prochain ouvrage à venir de Robert Ménard, le journaliste de Reporters sans Frontières.