« Parfaite! » : « Disent les magazines »

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Par Stéphanie Hochet – bscnews.fr/ Un mélange de vocabulaire intellectuel, de phrases toutes faites, de confidences ennuyeuses et de noms de marques ( Antick Batick, Erès etc.), la femme parfaite se reconnaît à son langage. Les magazines féminins lui ont donné les codes qui lui permettront de montrer qu’elle est une femme de son époque, accomplie, bien conservée à 60 ans, indépendante et sexuellement active.

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Une femme qui aura aussi intégré certains a priori de classe : la mixité des strates sociales n’apporte rien de bon, c’est un leurre. Ainsi parle l’héroïne « parfaite » de Mercedes Deambrosis qu’on voit déambuler dans une pension low-cost quelque part en Méditerranée. Que sait-on d’elle ? Dans une autre vie, elle était psychanalyste. Aujourd’hui elle est seule, écrit Deambrosis d’une plume ciselée. Elle parade, raconte sa vie, accapare l’attention par quelques minauderies, réflexions pseudo-intellectuelles légèrement désabusées (signe de son exquise exigence), ponctuées de clichés. Elle est, bien sûr, obsédée par son image : la jeunesse n’est pas éternelle, mais elle se doit par respect des autres, de ceux qui la regardent, l’envient, l’admirent, d’entretenir au mieux ce que la nature lui a si généreusement offert, ce corps magnifique qui lui a toujours procuré d’immenses joies. La plume de Mercedes Deambrosis, finement ironique (ce « par respect des autres » est une délicieuse perfidie d’écrivain), laisse entrevoir le malaise, le vide laissé par les semblants de réussite, l’aigreur changée en mépris, et la faille douloureuse creusée par une vie dédiée au regard des autres. La solitude. Une merveille comme on n’en voit que sous la plume de Mercedes Deambrosis.

« Parfaite ! » de Mercedes Deambrosis
Les éditions du chemin de fer
Novembre 2014
75 pages

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