Le bonheur est-il dans la gourmandise et dans les festivités ?
Par Pascal Baronheid – bscnews.fr/ Le bonheur est-il dans la gourmandise ? Quelques livres y invitent, à des degrés divers.
Un recueil de plaisirs
Paris vous est conté à travers ses restaurants, ses bistrots, ses lieux de délice et de convivialité. Amateur de bonnes tables, Jean-Claude Ribaut a sillonné la capitale, en quête d’itinéraires gourmands et de haltes hautement recommandables. Il propose une cartographie épicurienne, entre tradition et renouveau, sans commune mesure avec les cascades d’inepties que nous inflige le petit écran. « La mémoire gustative est le support nécessaire de toute culture culinaire, mais la recette est une remémoration qui relève du conte, ou du rêve éveillé ». Rêvons donc, en compagnie d’un gourmet éclairé, à la faveur d’un ouvrage dont la dimension plaisamment littéraire n’est pas le moindre atout.
« Voyage d’un gourmet à Paris », Jean-Claude Ribaut, Calmann-Lévy, 19 €
La littérature en fêtes
Oui, littérature et plaisir ont partie étroitement liée. De Tolstoï à Maylis de Kerangal, vingt auteurs sont réunis pour en témoigner, dans un ardent et allègre volume de poche. Vous avez envie de prendre le petit déjeuner avec Truman Capote, quelques apéritifs en compagnie d’Hemingway, partager un repas campagnard avec Alain-Fournier, dîner sur l’herbe et plus car affinités avec la Sylvie de Nerval, et puis boire rire et danser « dans un tourbillon d’écharpes et de tintements d’or » en compagnie de Francis Scott Fitzgerald, Balzac ou Maupassant ? Alors ceci est pour vous !
« C’est la fête », Gallimard Folio n° 5856, 2€
Ce vin qui donne de l’esprit
Remuage, muselage, poignettage n’appartiennent pas au registre coquin, très en vogue depuis l’effarant succès de la littérature en nuances équivoques. Ils ont trait au processus d’élaboration du vin de champagne. Un petit livre savant et pétillant sur son histoire, les maisons, les citations, les mots qui l’accompagnent, en plus d’innombrables citations et extraits d’oeuvres d’auteurs attachés à la dive bouteille. Des illustrations, un index des mots et noms propres, une bibliographie sommaire mais non négligeable ajoutent à l’attrait de l’ouvrage. Une ombre au tableau : « J’ai souvent observé que, chez les gens mariés, le champagne est rarement de première qualité » (Oscar Wilde). Serait-il soluble dans la sagesse et la vertu ? Dom Pérignon nous en garde !
« Le Champagne », Jean Pruvost, Honoré Champion, 9,90 €
Stendhal
Tous les chemins gourmands mènent à Stendhal, un chef et un écrivain en témoignent, épaulés par un épicurien et historien du goût. Perpétuellement en chasse des bonheurs, Stendhal sait cependant qu’il ne faut pas trop leur demander. Amoureux de l’amour, il est l’emblème idéal pour un livre cheminant par les saveurs, les terres, les séductions, les oeuvres avec, en écho, des recettes revisitées et inspirées par Stendhal et le terroir et traversées par quelques figures légendaires, tels Grimod de la Reynière, Berchoux, Brillat-Savarin. Il y a un peu, beaucoup de Stendhal en Saint-Bris, auteur de la partie littéraire de l’ouvrage.
« Le goût de Stendhal », Gonzague Saint Bris, Guy Savoy ; avec le concours de Jean-Claude Ribaut, photographies culinaires de Philippe Asset, éditions Télémaque, 26 €
La preuve par 20
Vilipendé par les bonnes âmes, le foie gras poursuit sereinement son petit bonhomme de chemin sur les tables de fête. Moelleux, savoureux, délicieux, qu’il soit cru, cuit, mi-cuit, en terrine, en bonbon, en carpaccio, poêlé, pané, poché, il a été soumis au talent et à la créativité de vingt chefs du Périgord, de l’étoilé à l’autodidacte, preuve que son accommodement demeure en évolution constante. Agrémentées de photos qui incitent à franchir le pas, les recettes sont claires et précises, complétées par des variantes, des astuces, des conseils de nature à vous transformer en cordon bleu ou en convive impénitent.
« Le foie gras du Périgord sublimé par ses chefs », photographies de Philippe Asset, Albin Michel, 18 €
Parfums nocturnes
Viveurs, couples éphémères, étreintes furtives, ébats clandestins, le ballet des noctambules réalise d’étranges entrechats. Dans son ode à la nuit, Ingrid Astier épingle moins les fêtards que la panoplie interlope des princes de l’errance. Elle en appelle au cinéma, à la littérature, à la musique (évocation de Max Graham, roi de la nuit et as des platines), à la peinture pour déployer son polyptique. Aussi à la police, notamment ses amis parisiens de la brigade fluviale, occasion de rappeler qu’elle est la nouvelle merveille du polar français. Ses aficionados la découvriront ici sous un jour insolite, arpentant le palimpseste couleur charbon, à l’écoute du chant des écluses.
« Petit éloge de la nuit », Ingrid Astier, Gallimard Folio n° 5819, 2 €
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