Le pari risqué de la grève culturelle
Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Alors que les feux de la grève des intermittents du spectacle s’allument çà et là et que la liste des festivals menacés d’annulation s’allonge, le risque de vivre une période estivale blanche est réel à ce jour. Le Printemps des Comédiens en est la vitrine nationale depuis le 3 juin dernier ; un festival que nous connaissons bien puisque nous le suivons depuis quatre maintenant dans nos colonnes.
C’est une manifestation de premier plan en Languedoc-Roussillon et plus généralement en France pour le spectacle vivant et le théâtre. Nous ne rentrerons pas dans le débat de l’assurance-chômage pourtant validé, non seulement par le patronat mais également par plusieurs syndicats hormis la CGT. Mais nous essaierons plutôt de réfléchir plus spécifiquement et à long terme aux dommages collatéraux que pourraient causer ces blocages et la mise en danger inquiétante de la pérennité d’un festival comme le Printemps des Comédiens.
Car même si le Printemps (pour les habitués) bénéficie aujourd’hui d’une renommée nationale voire internationale grâce au travail des équipes successives et notamment celle de Jean Varela, actuel directeur du Festival, avec des pièces de haute tenue et la venue de troupes prestigieuses, il ne faut pas perdre de vue que chaque année, son existence est remise en cause au regard de la diminution des subventions versées par le Conseil général de l’Hérault, et qui risquent de s’amenuiser en prévision de la baisse progressive des dotations de l’Etat.
Cette grève qui dure, depuis le jour de l’ouverture, pourrait être fatale au Printemps des Comédiens, fleuron d’un écosystème culturel régional avec une portée nationale. Si celui-ci devait disparaître, ce serait une perte terrible pour les milliers de spectateurs qui se passionnent pour cette fête du théâtre mais, plus gravement, cela précariserait considérablement les gens du théâtre en région, qui, pour beaucoup d’entre eux, voient en ce festival l’une des seules rampes d’accès pour espérer un jour sortir des frontières du Languedoc. Faire du Printemps des Comédiens une victime expiatoire sur l’autel des revendications sociales nationales est un risque immense que l’on fait prendre à ce rendez-vous fédérateur et immensément précieux en ces temps de disette culturelle. C’est un pari très risqué qui pourrait avoir des conséquences dramatiques. La défense d’un régime spécifique est un droit bien entendu mais la mise en danger d’un festival comme le Printemps des Comédiens est une responsabilité tout aussi grande dont il faut avoir conscience. Car le théâtre et la culture ne sont pas des régimes spécifiques mais des espaces de liberté et de réflexion pour lesquels il faut agir avec prudence et mesure.
Voici donc pour combler vos premières soirées estivales une sélection d’ouvrages et de cds qui ouvriront avec vous le temps des cerises. Ecoutons le secret d’un poète de génie et mettons cet été » de la musique avant toute chose »!
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