Poids lourd de la Série Noire, Caryl Férey est un activiste urgentiste de la cause planétaire. Il rompt ici une lance en faveur des animaux des réserves africaines, cruelles victimes du nouveau colonialisme destructeur, vert comme le billet du même nom.
Wild Bunch, une réserve animalière à la frontière namibienne, dont son riche propriétaire voudrait faire un sanctuaire. Une ranger qui ne supporte pas que son mari ne bande plus et se réfugie dans la sauvegarde des espèces menacées. Une ado incapable d’attendre son feu de broussaille. Un jeune Khoï assassiné. Quelques victimes collatérales. Des mares empoisonnées et des animaux qui meurent. Des rhinocéros mutilés. Des éléphants sans défenses. Des lions décimés. L’emprise des guérisseurs aux pouvoirs surnaturels. Des chasseurs criminels supérieurement équipés. Le décor est planté. Les braconniers pullulent et font des affaires d’or en répondant aux commanditaires sans scrupules, venant du monde entier. Il n’en faut pas davantage à Caryl Férey pour déployer sa rage contre les exterminateurs. De la calamiteuse réalité du terrain, il extrait un récit rageur, bouillonnant, âpre, truffé de chausse-trapes, sans la moindre respiration, violemment tendu par la détermination inébranlable d’un amoureux de la vie sauvage. De l’indignation ou du cynisme, qui aura le dessus ?
« … notre espèce est si inconséquente que je n’en attends plus rien. Quand ils réagiront, bien sûr, il sera trop tard, on fonce déjà dans le mur, c’est juste une question de violence de l’impact, mais personne ne freine le bolide de la catastrophe écologique ».

« Okavango », Caryl Férey, Gallimard/ Série Noire, 526 pages, 21 €