L’interview de Kad Mérad et de Valérie Lemercier pour le Petit Nicolas

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Le 30 septembre, c’était au tour de « Le Petit Nicolas » de faire sa rentrée des classes, le film de Laurent Tirard. J’imagine que beaucoup d’acteurs rêvaient d’interpréter les rôles que vous avez au cinéma ?

Valérie Lemercier : Oui, beaucoup, mais c’est nous qui avons été sélectionnés.

Justement, pourquoi et comment ?

Valérie Lemercier : Parce qu’on est très sympathiques, et crédibles.
Kad Merad : Et pas cher ! Les moins chers.
Valérie Lemercier : Raisonnables, on a eu donc la chance d’être sélectionnés. Tous les acteurs importants sont venus passer les essais, les grands comédiens du monde
entier, et puis voilà ! C’est tombé sur nous.

Quelle vision aviez-vous des parents du petit Nicolas et comment Laurent Tirard vous a-t-il demandé d’incarner ces personnages ?

Valérie Lemercier : Personnellement, je lisais beaucoup « le petit Nicolas » et j’adorais ça. Quand on m’a dit qu’il y avait une mère, je ne me souvenais plus du tout qu’il y en avait une. Je me souvenais de tous les prénoms des enfants, Le Bouillon, le proviseur… Les parents existent plus dans le film que dans les livres.
Kad Merad: Moi je ne connaissais pas du tout le petit Nicolas.

Jamais lu ?

Kad Merad : Non, je me suis mis à le lire avant de faire le film, mais Laurent Tirard m’a dit une chose très simple qui m’a permis de préparer mon personnage. Il m’a dit que le père du petit Nicolas, c’est Jean-Pierre dans « Ma sorcière bien-aimée ». C’est un papa autoritaire de prime abord mais qui est en fait complètement dépassé par sa femme, par la vie, qui rêve de réussir. Il invite toujours son patron à dîner, sa femme l’engueule toujours. C’est exactement Jean-Pierre de « Ma sorcière bien-aimée ». Regardez « Ma sorcière bien-aimée », c’est le papa du Petit Nicolas.

Valérie, vous avez dû faire Samantha, de « Ma sorcière bien-aimée » ?
Valérie Lemercier : Oui aussi. Je ne sais pas. C’est une maman qui est un peu dépassée par les évènements. On a l’air d’être parfaits — déjà physiquement — on est
comme dans les maisons de poupées qui sont coupées en deux pour voir toutes les pièces. On est un peu comme ça, dans la cuisine, dans le salon, c’est très visuel et
dessiné. En même temps, il a fallu apporter un peu de chaire.

Kad Merad: C’est bon la chaire ! C’est très moderne en même temps, très actuel. On a essayé de le faire de manière normale mais c’est très stylisé. Je répète ce qu’elle
dit, mais j’aime bien, j’ai bien aimé ce que tu as dit. Et ça m’entraîne pour la suite.
Valérie Lemercier: Je joue une maman qui a l’air parfaite, la maman un peu cliché, avec son petit tablier. Mais elle voudrait bien … C’est toute une époque, une époque
où on demandait à son mari de l’argent pour s’acheter une robe. Maintenant on se l’achète toute seule, ça a changé. Elle se cultive en lisant des fiches. Elle ne sait pas
cuisiner. C’est amusant de jouer un personnage débordé, dépassé par les évènements.

Quel plaisir on éprouve en tant qu’acteur quand on joue un personnage très propre sur soi en apparence mais qui a tout de même énormément de failles et de
frustrations, ce qu’on ressent dans le film ?

Valérie Lemercier : C’est plus amusant que de jouer des gens qui ont l’air fou et qui au fond ne le sont pas. Je préfère avancer avec un contour à peu près normal, pour
ajouter de la démesure plus tard. Annoncer la couleur dès le départ, être bizarre, cen’est pas mon truc.

Kad Merad : Pareil. Je ne peux pas dire mieux, pas à cette heure là, pas si tôt !

Vous disiez que le film est très actuel mais il fait quand même référence à mon gout à un film américain ou hollywoodien des années 50, par les décors, les costumes, la lumière. Est-ce quelque chose qui vous a influencé dans les jeux, par rapport à ces acteurs américains, pour donner une petite touche sucrée aux personnages ?
Kad Merad : Moi je ne pensais pas une seconde à ça. Je crois que le fait d’enfiler le costume, de se retrouver dans ces décors des années 50-60, on ne cherche pas à
ressembler à qui que ce soit, on joue la situation, on joue ensemble. Le résultat donne effectivement un côté « vieux film américain » mais je pense que c’est pas mal dû aux décors, aux costumes, à la mise en scène.

Valérie Lemercier : Oui, mais on sait un peu à quoi on ressemble, c’est-à-dire pas à d’habitude. C’est un peu plus dessiné que d’habitude. C’est bien parce qu’on ne nous voit pas pendant tout le film, et quand on nous retrouve, on nous reconnait. Parfois, dans les films, les gens ont 40 sortes de tenues différentes … Ici c’est stylisé. J’ai trouvé très agréable de jouer dans des robes qui n’ont pas été portées précédemment par d’autres. Ton costume aussi été tout neuf, et sur mesure. Ça nous allait
parfaitement. Les tissus étaient choisis spécialement pour nous, les boutons … Evidement, les enfants n’ont pas pu être habillé du pareil au même. Ça va être retiré ?
Il faut bien faire ces petits costumes. Je trouve agréable d’être dans des décors et des costumes qui ont demandé autant de soin. Après on n’a plus qu’à faire notre métier.


Il n’y avait aucun défi ? Ce n’était pas trop délicat de restituer l’ambiance poétique, l’innocence que l’on retrouve dans les livres de Goscinny et Sempé ?

Valérie Lemercier : Ça ce n’est pas notre travail. C’est Laurent Tirard qui en est responsable. On n’a fait qu’être sincères, on est arrivés, on était comme des poupées.
On s’est mis dans la maison de poupées et on a essayé d’être sincère, d’être des êtres humains.
Kad Merad : On était très … Le mot va venir, peut être que je l’ai laissé dans la
voiture !
Valérie Lemercier : Docile ?
Kad Merad : Oui, on est très docile sur ce genre de film. C’est un beau mot, il va ressortir celui là ! On a besoin de quelqu’un qui a un réel regard extérieur, qui sait
exactement ce qu’il veut. L’avantage de travailler avec Laurent est qu’il sait exactement ce qu’il veut. On ne se pose pas trop de questions.
Valérie Lemercier : C’est toujours agréable de partir, quand on est bien cadrés. Surtout les gens comme nous, qui avons besoin d’être cadrés, encerclés, pour qu’il n’y
ait pas trop de choses bizarres qui sortent …
Kad Merad : Ça pourrait sortir mais ça ne sort pas, c’est très bien géré, on est un peu
drogué avant le début, on a des sédatifs dans les cafés, pour être très dociles.

Pendant le tournage, quel comportement avez-vous eu par rapport à Maxime Godard, dont c’est le premier rôle, il joue le petit Nicolas. Vous lui avez donné des conseils, l’avez un peu aiguillé, porté, ou pas du tout ?

Valérie Lemercier. Oui. Je pense qu’il était content, parce qu’il venait de tourner pendant 15 jours avec 40 gamins, et tout à coup, il était tout seul, ce dont il était content, et d’avoir des parents, alors qu’il n’était qu’un parmi tant d’autres qui font beaucoup de bruit … Comme il est très sage, c’est un petit garçon très consciencieux, tout à coup il a pu se laisser aller. Il nous a dit qu’il était très content quand nous sommes arrivés, que c’était son rêve.
Kad Merad : Il était content d’avoir des parents comme nous. C’est un vrai plaisir. On le faisait rire, on l’amusait. Il est bien ce gosse. Il connait le cinéma par coeur, il faut le voir parler des plans larges, des plans serrés pour une première expérience ! En plus c’était long pour lui, ça a duré 5 mois. C’est marrant de tourner avec un gosse comme ça, en sachant que c’est le petit Nicolas. Je ne sais pas si c’est parce qu’on est extrêmement sympathiques, mais très vite la famille était là. On était tous les trois. Quand il fallait travailler on travaillait, quand il fallait déconner on déconnait. Cette famille s’est très vite constituée.

Merci beaucoup Valérie et Kad Merad pour ces réponses, très très chouettes comme dirait le petit Nicolas !
Kad Merad. C’est vrai c’était chouette.
Valérie Lemercier. Très chouette.
Kad Merad. Merci à vous alors.
crédit photos – Thierry Valletoux
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