Napoléon, ce couteau suisse pour écrivains délectables

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Une mention napoléonienne oubliée sur une façade : Il a suffi de presque rien pour que l’épopée romanesque parte de Liège.

Le petit Corse y est passé à deux reprises. Une première fois avec la citoyenne Beauharnais. Tatillon sur l’argent, Bonaparte exige que sa femme éblouisse. Quatre-vingt-quinze paires de gants suffiront-elles à la consoler de voyager sans sa robe cousue de pétales de roses fraîches? Son tour venu, Marie-Louise découvrira ces terres en lesquelles Michelet verrait plus tard une petite France de Meuse, devenue aujourd’hui un Little Chicago. Du nord mosan à la plaine du Pô, de la répudiation de Joséphine à la conquête de la fille de son ennemi juré, le dieu des grognards donne l’illusion de monopoliser les pages.
Napoléon se prête à tous les usages littéraires, même à celui de faire-valoir de Michel, frère flamboyant de la narratrice. Arpenteur étincelant d’un monde tôt devenu trop exigu pour ses rêves, fantasque, prévenant, ébloui, désenchanté, exalté, vulnérable, fragile, Michel est la véritable figure impériale d’un roman qu’il ponctue d’assauts de tendresse – « je t’aime Isabelle, autant qu’un frère peut aimer » – , de pirouettes douces-amères, de cabrioles fantasques – « Tout est dans la feuille de salade, même ce qui n’y est pas ». Le soleil d’Austerlitz baignant une crue inouïe de tendresse fraternelle et d’amour familial. Isabelle Spaak est grande.

« Des monts et merveilles », Isabelle Spaak, Equateurs, 20 €

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