HELMUT NEWTON ou l’obsession pour La Femme

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Par Soisic Belin-bscnews.fr/ Helmut Newton, ou devrait –on dire Nait Helmut Neustader, né à Berlin en 1920 rebaptisé par la suite en 1946 lors de l’acquisition de sa citoyenneté australienne.

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Quel photographe et quel voyeur ? Il se qualifiait lui-même de voyeuriste professionnel et pourtant si les critiques ont tendance à le présenter comme l’initiateur du porno chic, et à retenir de lui cette image de photographe sulfureux, on ne perdra pas l’occasion de rappeler son rôle d’initiateur et d’avant-gardiste! En effet à travers cette exposition et les nombreux clichés de taille, de technique, de chronologie différentes on constate une même ligne conductrice : La Femme. Qu’on se plaise à la nommer Pandora, Madame, Miss, jolie poupée, maman ou salope… Helmut la décline, la révèle et la sublime. Il aime jouer avec les clichés et les stéréotypes pour nous les renvoyer en pleine face (la femme aime l’argent, c’est une material girl tout comme le prônait Madonna, c’est une vénale mais c’est aussi une bonne desperate housewife en phase avec son intérieur et en adéquation avec sa maison …son gynécée.) Tantôt dominatrice, tantôt dominée et asservie, Helmut en fait une Belle, celle qui vit aux côtés de la Bête. Il joue sur les gestes, les détails et les matières : un regard, la tenue d’une cigarette, le port d’une peau de panthère et nous voilà ancrés dans la mythologie gréco-romaine. Il use et abuse de nos classiques et parvient malgré tout à nous maintenir dans cet étonnement permanent. La femme de Newton est transgénérationnelle, asexuée, délurée, extravertie : elle en impose. Le noir et blanc, la couleur, le jeu des cadrages et des nuances… tout est minutieux, si paradoxalement travaillé et pourtant spontané. Pour cet artiste « une bonne photo de mode doit ressembler à tout sauf à une photo de mode. A un portrait, à une photo souvenir, à une photo de paparazzi » 1995. Helmut a cette capacité d’adaptation qui pourtant n’entache pas son propre style, il sait rester glamour lorsqu’il shoot pour Elle, il contorsionne le corps de la femme pour Yves Saint Laurent, il la déshabille à certaines occasions et l’accessoirise à d’autres moments. Ces 21 « grands nus », réalisés entre 1980 et 1993 lui ont été inspirés par les photos judiciaires des terroristes allemands: ces femmes géantes nous font face, elles sont impassibles. Helmut est aussi un joueur, il aime nous interroger : ses diverses déclinaisons de scènes tantôt nues tantôt vêtues nous font l’effet du jeu des 7 erreurs, c’est le cas d »Elles arrivent » par exemple. Outre ses clichés dédiés aux grands magazines de mode tel que Vogue, il se plaît à rendre immortel certaines personnalités qui, selon lui, sont célèbres pour de mauvaises raisons, c’est le cas de Jean Marie Le Pen pour le Newyorker en 1997, Andy Warhol en 1974, Catherine Deneuve en 1976, Margaret Tatcher en 1991. Helmut est à la marge tant par sa technique que par ces choix de modèles. Et l’homme dans tout cela ? Certains furent ses muses notamment Yves Saint Laurent, d’autres et c’est le cas du plus grand nombre, ne sont qu’accessoires. Trois grandes salles sont dédiées à l’artiste disparu en 2004, dans ce monument parisien reconnu pour la qualité de ses expositions. Plus aucun doute n’est permis désormais, Helmut Newton aime les femmes et nous le confirme.

A voir au Grand Palais, galerie Est
du 24 mars 2012 au 17 juin 2012.
Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 22h

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