Le road-movie charnel de Sylvain Cohen

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Par Stéphanie Hochet – bscnews.fr / Né en 1971, Sylvain Coher  est l’auteur de romans qui mettent en scène des personnages égarés qui finissent par choisir l’éloignement du monde. Avec Carénage, il emmène le lecteur dans un road-movie charnel.

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L’Antiquité grecque fut traversée de Centaures, ces êtres moitié cheval moitié homme dont on garde en mémoire les combats – fusion de l’humain et de la bête, ces guerriers étaient réputés pour leur brutalité. Au 21 ème siècle, Sylvain Coher écrit la légende de l’homme-moto, une créature fantastique reprenant le thème de la fusion mais cette fois-ci, de l’humain à la machine. Il ne semble vivre que par le haut du corps, à partir des hanches écrit l’auteur à propos d’Anton, jeune motard dont toute la vie est une recherche de sensations liées à  la vitesse. Sensations sur sa moto appelée l’Élégante qui fend le ruban de route comme s’il était du tissu, épreuve du vent qui pousse un corps comme une main invisible, décharges visuelles qu’il faut reconnaître pour garder le contrôle… Ce livre est le rapport le plus sensuel qu’on puisse trouver sur le plaisir de ne faire qu’un avec une machine. La mort est là, bien sûr. A chaque tournant, à chaque accélération, la mort tend les bras au fou de vitesse qui, bien conscient qu’un jour il fera l’hirondelle, fantasme sa fin : Mourir au guidon, ce n’était pas vraiment mourir. C’était comme arriver. Perdre ou réussir, quelque chose comme ça. La cerise sur le gâteau. On ne conduit pas une grosse cylindrée avec cette quête d’absolu sans savoir que si les routes ne finissent jamais, la sienne se terminera un jour ou l’autre dans le décor, le corps brisé. Anton le sait mieux que personne. Le jeune homme est un connaisseur de cette fine mécanique depuis l’adolescence. La moto est une passion – passion charnelle – qui ne laisse pas beaucoup de place à l’amour, y compris celui de Leen qui se voit reléguer au statut de Passagère, de femme jalouse d’une machine : Moi derrière. Insignifiante sinon en termes de poids et mobilité du centre de gravité. Anton, obsédé par une course imaginaire, a rendez-vous avec son destin de motard et pas trop envie d’imaginer une autre sorte d’avenir…

 

Carénage de Sylvain Coher
Actes Sud
Août 2011

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