Vendela Vida : un récit profond et dérangeant

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Par Mélina Hoffmann – BSCNEWS.FR / « Dans les temps d’infortune, il n’est de plus grande douleur que de se souvenir des jours heureux. » Dante Yvonne a une cinquantaine d’années. Elle a perdu son mari deux ans plus tôt dans un tragique accident de voiture dont elle a été témoin. Deux années de deuil douloureuses durant lesquelles Yvonne s’était repliée sur elle-même et auxquelles elle souhaitait soudain échapper. Échapper aussi à cette vigilance permanente et étouffante, « réservée aux veuves de fraîche date », de la part de ses proches et amis.
Elle décide de partir à la recherche des moments de bonheur partagés avec son défunt époux, ressusciter ces instants durant lesquels ils avaient été heureux. Avant de rejoindre ses enfants pour une croisière sur la méditerranée, elle se rend alors pour quelques jours à Datça, sur la côte turque, où elle avait passé sa lune de miel vingt-huit ans plus tôt. Elle souhaite simplement se souvenir des jours heureux…
Mais à la place du réconfort espéré, Yvonne va se trouver confrontée à de nouvelles angoisses, à des rencontres inattendues et parfois bouleversantes.
Il n’y a qu’auprès d’Ahmet, un petit pêcheur de coquillages turc avec lequel elle se lie d’amitié, qu’Yvonne va parvenir à sourire à nouveau et à reprendre espoir. Jusqu’à ce qu’un nouveau drame la ramène finalement à son premier malheur.
« Elle était venue en Turquie pour retrouver ce qu’elle avait vécu avec Peter des années plus tôt et, ayant échoué, elle s’était liée d’amitié avec un petit garçon. Un petit Turc qui ne parlait pas sa langue. Et maintenant, il était parti, et elle était de nouveau à la recherche de réminiscences de quelqu’un qu’elle avait perdu. Avait-elle jamais été aussi perdue ? »
On est troublés, déroutés par le parcours de cette femme qui tente désespérément d’échapper à un destin qui la rattrape, qui cherche à apaiser une douleur qui fait désormais partie d’elle en se réfugiant dans ses souvenirs. Comme s’il était impossible de fuir certains tourments, aussi loin que nous allions, aussi fort que nous le souhaitions.
Par sa prose dépouillée, Vendela Vida nous dresse le portrait de cette femme que nous observons avec pudeur, lointaine, dans une atmosphère imprégnée de tension. Un récit profond et dérangeant, qui nous amène à une réflexion sur le deuil et les empreintes indélébiles que laissent en nous les drames auxquels nous nous trouvons confrontés.

Se souvenir des jours heureux
Vendela Vida
Albin Michel

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