L’honorable société relance un genre littéraire et le modernise
Par Eric Yung – bscnews.fr / Il y a quatre décennies, le roman policier s’est, par la force des événements politiques d’une époque, éloigné –plus ou moins- de ses ressorts classiques pour s’orienter, franchement, vers la critique sociale. Une métamorphose qui a débuté à la fin des années soixante, début soixante dix, avec des écrivains tels Amila, Manchette, Fajardie, Bauman, Jaouen, Villard, Delacorta, Daenincks, Pouy et beaucoup d’autres pour devenir un genre : le néo-polar. Ces auteurs, presque tous venus de la gauche prolétarienne et des mouvements libertaires, poussés par le vent de la révolte de mai 68, ont choisi de s’emparer du roman policier, d’en gommer le manichéisme parfois moralisateur, pour se concentrer sur le mal-être d’une société rongée par les dérives du capitalisme et du libéralisme dont les héros, plus ou moins désabusés, se meuvent dans un monde asservi par les classes friquées et dominantes. Le néo-polar a, très vite, connu le succès populaire et envahi les rayonnages des librairies et des bibliothèques. Depuis, quarante années ont passées. Alors, qu’est-ce qu’un romancier d’aujourd’hui pouvait bien écrire après « L’affaire N’Gusto », « Nada », « Booldy Mary », « Tueurs de flics », « Métropolice », « La vie duraille » etc. ? On pouvait croire que le néo-polar avait exploité son filon jusqu’au dernier mot. Ainsi, récemment, Jérôme Leroy, professeur de littérature et auteur de nombreux « romans policiers d’anticipation » a écrit, dans la « Revue Générale de Belgique », sous forme de constat : « Le …