Le livre papier n’a pas dit son dernier mot

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Par Blandine Dumazel – bscnews.fr / La Fête des libraires indépendants. Coïncidence d’espoir ! La 13e édition de la Fête des libraires indépendants a été célébrée ce 23 avril, à la St Jordi, également journée mondiale du Livre et du droit d’auteur. Près de 500 librairies en France et en Belgique ont répondu à l’appel de Marie-Rose Guarniéri, présidente de l’Association « Verbes », initiatrice de l’événement, pour « Faire entendre le bruit sourd du papier et célébrer la culture jubilatoire du Livre, curieusement méconnue du public ». Un vrai défi.

Mort ou vie du livre papier ?


En France, depuis trente ans, existe une loi sur le prix unique du livre tant dans les grandes chaînes commerciales, les supermarchés ou la librairie indépendante. Oui, cette loi a permis au départ d’éviter la déstabilisation du secteur. Plus tard, depuis 2010, les librairies sont également exonérées de contribution économique territoriale (ancienne taxe professionnelle), et reçoivent des subventions pour la mise en valeur de leurs fonds. Des mesures plutôt positives, non ? On pourrait donc penser que le livre papier n’a pas dit son dernier mot.
Pourtant, de l’avis des libraires indépendants les plus pessimistes, cela ne suffit plus aujourd’hui à protéger la profession des difficultés économiques persistantes. Ils se considèrent, pour la majorité, démunis face au déploiement vertigineux causé par les nouvelles technologies de la vente en ligne. La vente sur Internet, les livres numériques, les critiques d’ouvrages en ligne mettent en péril leur profession, disent-ils. Et, ils sont nombreux, ceux qui chroniquent la mort annoncée du livre papier !
Eh oui, on ne cesse de clamer sa disparition. « Notre métier de libraire est de plus en plus “un sport de combat”», constate Marie-Rose Guarniéri, qui précise que son association « a insufflé avec un succès désormais incontournable un mouvement de terrain national très exigeant : La Fête de la Librairie par les libraires indépendants… Une manifestation qui rassemble des libraires indépendants, rivalisant de créativité dans l’organisation d’événements littéraires et la redéfinition de leur combat quotidien, subtil, artisanal pour protéger les ambitions d’une création éditoriale souvent mise à mal. »
Fort heureusement, les plus optimistes des libraires indépendants restent confiants, le livre papier n’a pas dit son dernier mot. Il vit.

La librairie, c’est d’abord du lien !


Du lien et du papier. Pour mieux comprendre ce lien, j’ai choisi de me rendre à Vic en Bigorre, une petite ville de 5000 habitants dans les Hautes-Pyrénées. Découverte pleine d’intérêt d’une librairie indépendante et de son libraire, Robert Alain Mouchet.
La petite librairie de « Vic Bigorre », comme dit le Bigourdan du coin, est sise Place de la République au centre ville. Ce samedi, comme tous les samedis est jour de marché…aujourd’hui, c’est en plus jour de la Fête des librairies indépendantes ! Les lecteurs seront-ils curieux ? L’accueil du libraire est chaleureux et souriant même si il avoue « une pointe de pression et d’angoisse. »
Pour la St Jordi, la journée est pleine de surprises ! Une rose offerte, un livre aussi, « Eloge des cent papiers », est une déclaration d’amour au livre papier et à tous les acteurs qui le font vivre. De l’auteur à l’éditeur, de l’imprimeur au libraire, du journaliste au lecteur, c’est une chaîne ininterrompue qui démontre à quel point le livre restera toujours irremplaçable. En ce jour de fête, à chaque libraire son style ! Ici, Alain Mouchet a choisi de faire se rencontrer auteurs et lecteurs le temps d’une séance signatures… « Nous avons envoyé beaucoup d’invitations, j’espère que les lecteurs viendront à la rencontre des auteurs invités, Henri Courtade et André Lasserre ! ».
Robert Alain Mouchet, libraire indépendant depuis 1982 à Vic se sent toujours un peu isolé ; que pense-t-il de son métier ? Le libraire de Vic fait siens les mots de Marie-Rose Guarniéri : « Entrer dans une librairie, c’est une aventure. Le lecteur ne vient pas pour le livre qu’il attend, mais pour celui qu’il ne connaît pas et que j’aurai su dénicher ». Aussi, Alain Mouchet n’a de cesse de rappeler qu’il n’est pas un simple vendeur de livres. C’est vrai. Très vite, on s’en rend compte… sa connaissance de l’offre éditoriale, en particulier l’actualité littéraire, lui facilite surtout la mise en correspondance des ouvrages commandés avec les goûts, les attentes et les besoins de « ses » lecteurs. Le conseil, c’est essentiel pour fidéliser la clientèle et, le « plus » incontournable que le lecteur ne trouvera nulle part ailleurs. En particulier dans les grandes surfaces commerciales ou autres super marchés. Ses lecteurs disent de lui qu’il est toujours à l’écoute, disponible, leur fait découvrir des nouveaux auteurs et, rarement se trompe sur les ouvrages qu’il propose.
Partout en France, implantées en grandes agglomérations urbaines, dans des petites villes régionales parfois, les librairies indépendantes sont des cocons réconfortants où délicieusement on se laisse engourdir de bien-être. Il en va des ouvrages alignés sur les rayons des librairies indépendantes comme des plantes vivaces d’un jardin…elles sont une palette de couleurs, de formes, de textures et de parfums. Les librairies indépendantes sont des havres littéraires privilégiés. Constat : être un libraire indépendant donne un esprit, une forme, une modestie, une souplesse et une hospitalité intérieure…
L’essentiel du métier de libraire, métier de passion, serait-il d’abattre les murs et les limites intellectuelles, les réticences et les réserves devant l’Inconnu, l’Insolite… ? Robert Alain Mouchet conclue : « Sûrement oui ! C’est ce qui m’anime chaque jour. ».

Deux auteurs, deux univers


Henri Courtade, interview.
Originaire d’un petit village des Hautes-Pyrénées, Bernac-Debat. Actuellement, il est chef du service de microbiologie au Centre Hospitalier de Pau.
Il écrit des romans depuis peu de temps, trois ans seulement. En revanche, sa passion pour la lecture remonte à son enfance. « Devenu adulte, j’ai eu envie de les réinterpréter librement, à ma façon. Adulte, pourrais-je retrouver le merveilleux de Blanche Neige ou de Cendrillon ? Il est toujours bon de replonger en enfance. La vie n’est pas un conte de fées, disent certains. Je suis persuadé du contraire : les « méchants » d’aujourd’hui dirigent sans scrupules des multinationales, et les princesses d’autrefois sont dans la mode ou la Jet-set, voilà tout. Lire Voici ou Gala chez le coiffeur, n’est-ce pas un moyen de replonger dans les contes de notre enfance… Je suis parti de ce constat et j’ai essayé de prouver que ma théorie était fondée. Ce n’est qu’à la fin que j’ai relu les contes de Grimm et de Perrault, afin de ne pas commettre d’impairs dans mon scénario. »

Racontez-nous votre écriture ?
« Je lis un roman par semaine en moyenne. Je travaille le jour, j’écris la nuit, je corrige mes romans pendant les vacances. Je n’ai pas trouvé mieux comme système.
L’inspiration me vient en écrivant, tout simplement. Quand je commence à m’ennuyer, je me mets la pression avec des situations compliquées et là, je me dis : « maintenant comment tu vas faire pour te tirer de ce guêpier ? » La panne sèche, la feuille blanche, c’est quand je suis détendu. Lorsque je stresse (et mon travail m’aide bien en la matière), je n’ai aucun problème d’inspiration.
Je dirais que mon style change à chaque livre.
« Loup, y es-tu ? » est mon premier roman. La trame complète a été écrite en deux mois. Il a ensuite fallu un an pour en faire quelque chose qui se tenait, car la base du récit est tout de même un thriller, et ce genre de romans ne tolère aucune faille dans sa construction.
« Lady R. », mon second roman, est finaliste du premier prix littéraire du magazine Géo. C’est un roman d’aventure se déroulant au Moyen-âge. L’héroïne, Lady Rowena de Windermere est un agent secret de Richard Cœur de Lion. Il s’agit d’une aventure médiévale trépidante, doublée d’une enquête policière et d’espionnage entre Venise, les Pyrénées cathares et les Highlands d’Écosse. Un seul fil rouge : tous mes romans ont rapport avec l’histoire. »

André Lasserre, l’historien
Il a déjà plusieurs publications à son actif. Après avoir présenté une synthèse du costume des diverses régions pyrénéennes, du Pays basque à la Cerdagne, le nouvel ouvrage d’André Lasserre, « Le Costume pyrénéen », étudie le vêtement de la Bigorre et de la vallée d’Aure, aux XVIIIe-XIXe siècles. Un ouvrage à la portée de tous, magnifiquement illustré. A offrir. Visuels 1 « Loup, y es-tu ? » Ed. Mille saisons 2 « Lady R. » Ed. Les Nouveaux Auteurs 3 « Le Costume pyrénéen » Ed. Cairn Pau 4 André Lasserre, Robert Alain Mouchet, le libraire de Vic en Bigorre, Henri Courtade et Edmond Duplan, le « Cantagoye Pyrénéen », personnage du patrimoine.

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