Le footballeur : Bruno Heckmann et le roman en coup du sombrero

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Par Nicolas Vidal – BSCNEWS.FR / Concilier football et littérature n’est pas chose aisée tant on peut très facilement tomber dans la caricature ou pire l’ennui. Mais voilà que Bruno Heckmann donne vie à une expérience littéraire agréable à l’aide d’un humour fin et vivace dans son premier roman qui n’est rien de moins que la chronique désopilante d’une équipe de foot corpo, le CGAS, que nous suivons avec plaisir le temps d’une saison. L’auteur a su avec beaucoup de talent parler de cet univers du football loisir où se côtoient les grands anonymes du sport le plus célèbre et le plus pratiqué dans le monde. Le CGAS est une équipe à la dérive lassée  » de se faire humilier tous les lundis. Un jour pourtant, un rai de lumière déchire les ténèbres et, stupeur, LA solution apparaît peut-être pour que le slogan de l’équipe devienne Hasta La victoria Sempre« . Bruno Heckmann manie avec brio une auto-dérision jouissive pour quiconque a déjà chaussé les crampons pour s’aguerrir aux joutes du football du dimanche. Ce livre séduira assurément tous les initiés de ce football invisible qui se défient par tous les temps et sur des terrains qui n’en ont que le nom. Pour ceux qui le football n’intéresse pas ou peu, vous y trouverez vous aussi des plaisirs de lecture tant le trait est bien fait et les images pertinentes sans tomber dans le cliché de rigueur. Bruno Heckmann dresse un portrait touchant de ces milliers de trentenaires sur le retour pour qui le football est plus qu’une activité ludique mais une quête du beau geste, de la victoire et des apéros d’après match.

Lire Bruno Heckmann en serait presque un geste citoyen tant il a su décrire avec talent cette passion dévorante du footballeur du lundi soir. Enfin pour finir de vous convaincre et bouter vos préjugés sur le football, voici un passage délicieux : » Regardez-les. Autour d’eux, le monde s’agite, dans sa quotidienne et absurde effervescence. Collègues affairés, automobilistes empressés, femme, et enfants excités, vain brouhaha de la foule vacancière. Mais ils s’en moquent. Rien ne peu distraire leur attention, ni la rumeur d’une salle de café, ni les sonneries de téléphone, ni le tambourinement de leurs épouses contre la porte close des toilettes, ni les appels pour l’embarquement porte 18, ni les cris de leurs enfants en train de se noyer. Les tours peuvent bien s’effondrer, la vague monstrueuse submerger la plage exotique, le jour du jugement dernier survenir, qu’importe.

 » Regardez-les.

Ils sont là et pourtant ils sont ailleurs.

Ils lisent L’Équipe. »

Bruno Heckmann  » Le footballeur » Editions Belfond -16 euros – 216 pages

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