Il se met en scène dans des séquences ludiques et saignantes où il déroule ses thèmes avec aisance et sagacité. Déjà les abonné(e)s se pressent pour avoir accès à ses contenus exclusifs et ses émissions en direct, diffusées par 7 jours sur Terre.Benjamin Tremblay accepte avec enthousiasme la rançon de son succès et il faudra faire avec lui au Québec. Tant mieux. Retour sur une ascension québécoise fulgurante.Benjamin, avant le lancement de votre média indépendant québécois, 7 jours sur Terre, quel a été votre parcours?
J’ai toujours été passionné d’affaires publiques et de politique, aussi loin que je me souvienne. Assez tôt dans mon cheminement, j’ai réalisé que je voulais toucher à ces questions, sans vraiment savoir où cette passion mènerait.
À 16 ans, je suis entré à l’Université d’Ottawa afin d’y faire des études en communications et en politique. À mon retour au Québec, j’avais un peu plus de cours de science politique et c’est à ce moment que j’ai eu une révélation. Dans la classe, je pouvais pointer du doigt à peu près n’importe quel étudiant et vous dire pour quel parti il militait activement. Personne n’était là pour comprendre la politique.
Plutôt, ce n’était qu’une vulgaire façon de se placer dans une organisation politique. Disons que ça m’a refroidi sur le milieu. Je voyais des gens autour de moi marchander leur indépendance intellectuelle pour un emploi, et pour moi c’était simplement hors de question. Je voulais commenter et comprendre la politique, être une voix au-dessus de la foule et non parmi la foule.
Qu’est-ce qui vous poussé à lancer un média au Québec ? Et pourquoi le choix de la vidéo?
Étant étudiant en communication, il était important pour moi de construire un certain portfolio de matériel journalistique afin de pouvoir éventuellement obtenir un emploi dans le milieu. De plus, la couverture de l’actualité internationale au Québec était tellement rare que 7 jours sur Terre était littéralement la seule émission dédiée aux grands enjeux de la planète. Chaque semaine, la mission de l’émission de radio était de prendre le cas précis d’un conflit ou d’un pays et de le vulgariser afin de le rendre accessible aux masses. Pour être très honnête, il a fallu un certain moment avant de trouver la bonne formule. Après quelques émissions à l’antenne, j’ai eu l’idée de faire entrer des caméras dans le studio afin de produire de courtes séquences vidéo et presque du jour au lendemain, des dizaines de personnes se sont mises à m’en parler. Soudainement, nous avions une audience et beaucoup plus de gens étaient familiers avec le projet.
Vous déclariez sur le site Le Soleil «On s’est mis à rentrer des caméras dans le studio, et c’est ce qui fonctionnait le plus, comme partout ailleurs. C’est là que j’ai commencé à voir quelque chose de très polyvalent et global comme projet ». C’est comme cela que l’aventure a commencé?
Disons que ça a été le point de départ d’un long processus. Une fois que nous étions devant ce constat, que le format vidéo était plus approprié et considérablement plus populaire, il restait toujours à transformer complètement la formule afin de l’adapter à cette réalité.
Or, puisque l’émission durait 90 minutes et que les vidéos pouvaient difficilement durer plus de sept ou huit minutes, la situation posait une question assez brutale : comment expliquer un enjeu extrêmement complexe, impliquant une multitude d’acteurs et de réalités culturelles et sociales en seulement sept ou huit minutes? C’est impossible. C’est la conclusion que j’ai tiré de cette réflexion. Il ne faut donc simplement pas avoir la prétention de le faire, il faut être réaliste et lucide quant à son rôle. C’est pourquoi les capsules ont pris la forme actuelle, soit de courtes vidéos faisant la synthèse d’un enjeu en prenant soin de donner la parole aux deux côtés du débat. Animées par motion design, leur ton léger mais rigoureux et intellectuel a séduit énormément de québécois. Jusqu’ici, nous totalisons plusieurs millions de visionnages sur cette série et les gens en redemandent toujours.
Quelle est la ligne éditoriale de 7 jours sur Terre ?
L’honnêteté intellectuelle demeure la principale prérogative. La pertinence en est un autre. Personne à 7 jours sur Terre ne commence sa journée avec le seul objectif de la finir. Le but est d’offrir quelque chose de nouveau, de se dépasser nous-mêmes mais aussi de dépasser ce qui se fait en terme de contenu web, plus largement. Au niveau du contenu vidéo, la ligne éditoriale s’est un peu imposée d’elle-même au fil des semaines à la mesure que les sujets étaient choisis. Elle est assez subtile au sens qu’elle prend plus la forme d’agenda setting que d’une tentative délibérée d’avoir un certain discours au premier degré. En jetant un œil aux sujets couverts par les capsules, il est évidemment possible de tirer certaines tendances : nationalisme républicain, défense de la laïcité d’État, promotion de la langue française, etc. Toutefois, la ligne éditoriale ne sera jamais une condition qui pèse dans la balance lorsque l’on décide de traiter d’un sujet ou pas. Encore une fois, pertinence et originalité d’abord !
Nous avons traité de questions fascinantes comme de manipulation génétique, d’intelligence artificielle ou encore du paradoxe de Fermi. Ce que nous permet cette flexibilité éditoriale, c’est notamment de pouvoir compter sur une base d’abonnés provenant de tous les horizons politiques et sociaux.
Sur notre blog, les auteurs sont libres de discuter de ce qui leur chante. Nous n’imposons aucun thème ni aucun angle d’analyse, puisque ça irait profondément contre nos valeurs et notre mission. Nous croyons que la liberté d’expression passe par le choc des idées et par le débat. Un débat difficile, intellectuel, polarisant et parfois vicieux. Notre travail n’est pas de jouer à l’arbitre et le prétendre serait une insulte à l’intelligence de nos abonnés, qui savent très bien penser par eux-mêmes. Pour cette raison, nous offrons carte blanche sur notre tribune à des collaborateurs de tous les horizons politiques.
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Comment choisissez-vous vos sujets ? Et comment garantissez-vous à vos lecteurs un équilibre et une objectivité dans le traitement de l’actualité traitée?
Chaque semaine, choisir un bon sujet de capsule est un exercice renouvelé qui s’avère probablement l’étape la plus difficile de toute la chaîne de production. Il y a dans les bureaux deux gigantesques tableaux blancs qui servent exclusivement à cette tâche précise et qui sont remplis de sujets potentiels.
Ces sujets sont réunis sous quatre grand thèmes : techno, politique, histoire et société. Chaque fois que quelque chose attire l’attention dans l’actualité, nous réfléchissons sur la façon d’apporter quelque chose au débat et le sujet est ajouté à la liste potentielle. Souvent, il faudra plusieurs semaines afin qu’une information pertinente fasse surface ou qu’un angle soit déterminé. Le travail consiste ensuite à être patient et alerte, à colliger l’information, à la noter dans un dossier et à bien archiver le tout. Le combat devient donc, chaque semaine, d’établir quels sont les sujets chauds de l’actualité et de jeter un œil aux tableaux. Ainsi, lorsqu’un de nos sujets reviens dans l’actualité ou que nous sommes prêts, nous avons un dossier très complet et toute l’information nécessaire pour contextualiser l’enjeu. En gros, plus qu’inversement, ce sont les sujets qui nous choisissent. L’objectivité et l’équilibre sont les garanties de notre mentalité qui se résume par le slogan qui est affiché à l’entrée du studio : Tout le monde a tort.
Ces quatre mots disent tout : la vérité n’existe pas. Notre travail n’est pas de prétendre la posséder, mais bien de déconstruire la notion selon laquelle elle puisse appartenir à une personne ou à une autre. Rien n’est jamais noir comme rien n’est jamais blanc. Notre travail, c’est de peindre ces zones en gris.
Vous vous concentrez sur des sujets exclusivement québécois ou traitez-vous de questions internationales également?
Nous traitons beaucoup de l’actualité internationale. Cette semaine, notre dossier portait justement sur la montée de la Chine au plan géostratégique. Puisque la majeure partie de notre audience est composée de québécois, nous tentons toujours de voir le monde à travers une perspective québécoise, de tracer des parallèles afin de rendre l’information plus comestible. La semaine dernière, nous avons traité des enjeux d’immigration, du droit du sol et de la citoyenneté en général en analysant la situation à la frontière américaine et la rhétorique du président Trump. Toutefois, nous vivons également au Québec une situation semblable en terme de migration illégale de masse, ce qui nous permet d’expliquer aux gens une situation très complexe avec des références qu’ils comprennent. Certaines capsules concernent plus notre audience québécoise, comme les synthèses historiques, par-exemple, mais tout le monde peut quand même y trouver un intérêt. Je suis un passionné d’histoire, et comme plusieurs autres passionnés, l’histoire de la France, du Québec, c’est un peu la même chose. Nous sommes plus que des cousins, nous sommes des frères dans la grande marche des peuples.
Vous semblez accorder beaucoup d’importance à l’indépendance financière et éditoriale. Quel est donc votre secret pour parvenir à accorder les deux ? Autrement dit, quel est votre modèle économique?
Tout à fait, l’indépendance éditoriale est primordiale et ce serait se mettre la tête dans le sable de prétendre qu’elle ne dépend pas elle-même d’une certaine liberté financière. De notre côté, cela se traduit par un modèle qui se veut hautement humain, basé sur la relation avec les membres et sur la production de contenu exclusif. Lorsque nous avons lancé 7 jours sur Terre, il a toujours été impératif de produire du contenu public et gratuit pour les masses. Afin de se donner les moyens financiers de remplir cette mission, nous créons du contenu exclusif qui est réservé à nos abonnés et publié sur un groupe secret, directement du Facebook. À seulement 3$ par mois, l’abonnement est très abordable et donne accès à une capsule exclusive ainsi qu’à une heure en direct chaque semaine. C’est grâce à ce système que nous avons pu construire une base d’abonnés qui grandit chaque mois et qui permet d’assurer la pérennité des productions gratuites et publiques. Ces gens sont des passionnés comme nous, qui veulent en apprendre plus sur le monde qui les entoure et qui prennent la décision consciente d’encourager un média alternatif avec l’argent gagné à la sueur de leur front. J’ai un respect immense pour ces personnes. À un moment où le journalisme est en crise, ils font sacrifice de leurs ressources pour rendre un important service démocratique. À leur façon, ils livrent un combat pour la vérité et la pluralité de l’information.
L’idée est de développer une relation honnête avec ces passionnés afin d’en faire grandir le nombre. Lorsque nous tenons des événements en public ou encore que nous publions un extrait de capsule, nous invitons toujours les gens à joindre notre groupe d’abonnés. Progressivement, nous gagnons la confiance de plus d’abonnés et de fait, nos moyens augmentent.
Comment expliquez-vous votre succès au Québec par rapport aux grands médias institutionnels?
Il faut savoir qu’au Québec, il n’existe que deux grands conglomérats médiatiques au niveau télévisuel. D’un côté, vous avez la chaîne d’État, Radio-Canada, alors que de l’autre, vous avez le seul groupe privé, soit Québécor. Ces deux mastodontes se livrent une lutte sans-merci sur toutes les cases horaire pour s’approprier les audiences et inévitablement, cette lutte se transforme en course vers le fond en terme substance et de contenu. De plus en plus, les magazines scientifiques et culturels sont rayés des ondes pour faire place aux émissions grand-public et disons que beaucoup de québécois se sentent laissés de côté dans ce nouveau climat médiatique. Politiquement, la dualité entre les deux grands réseaux rend le débat politique hautement moribond et partisan, laissant de côté les prérogatives d’information pour les table-rondes et les cascades de cirque. Heureusement, beaucoup de gens cherchent encore à mieux comprendre, à débattre et à réfléchir. J’imagine que nous avons construit une maison dans laquelle ces gens se sentent enfin chez-eux.
« Au Québec, politiquement, la dualité entre les deux grands réseaux rend le débat politique hautement moribond et partisan, laissant de côté les prérogatives d’information pour les table-rondes et les cascades de cirque »
Et que reprochez-vous à ce grands médias institutionnels ?
Pas grand chose, pour être franc. Les médias d’information et la presse écrite traversent actuellement une crise qui n’a absolument aucun précédent dans l’histoire moderne. Les revenus n’y sont plus, les géants du web s’accaparent tout le trafic et en plus, les gens ont un ras-le-bol de la politique qui justifie leurs décisions éditoriales. Devant toutes ces pressions économiques et commerciales, ils doivent trouver des moyens de rejoindre une plus large audience tout en réduisant les dépenses. Peut-on vraiment leur en vouloir de couper dans la rédaction lorsque 35% de l’audience n’est là que pour la météo? La question se pose. C’est ce qui fait la beauté du web : nous n’avons pas au-dessus de la tête une épée de Damoclès qui menace de tomber au premier choc financier. Dans un sens, l’audience est accessoire : sans elle, nous pourrions quand-même produire du contenu de qualité, ce qui n’est pas le cas pour un grand média. Pour toutes ces raisons, je fais preuve d’une certaine indulgence à leur égard.
« Peut-on vraiment en vouloir aux médias de couper dans la rédaction lorsque 35% de l’audience n’est là que pour la météo? La question se pose »
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Quel regard portez-vous sur la liberté de la presse au Québec ? Et sur les lecteurs de presse québécois ?
Au Québec, les rapports incestueux entre les patrons de presse et les rédactions sont notoires. Le marché étant contrôlé par un petit nombre de conglomérats, il devient difficile de traiter de certaines questions qui touchent les intérêts de ces patrons de presse. Par-exemple, l’écrasante majorité des journaux québécois étaient jusqu’à récemment sous l’emprise de la famille Desmarais et de Power Corporation, qui imposaient ouvertement une ligne éditoriale anti-indépendance à leurs journalistes et chroniqueurs. Pour leur entreprise, la séparation du Québec représentait une menace financière. Des journalistes ont même été congédiés pour avoir franchi la ligne. Lorsqu’il fut le moment de se départir de la majorité de ses journaux, ils ont été vendus à l’ex-majordome personnel de M. Desmarais sous une compagnie créée quelques heures avant… ça ne s’invente pas! Il y a une certaine culture de la peur au sein des journalistes, qui n’osent plus vraiment traiter de la question nationale de la même façon. Les employeurs majeurs sont tous impliqués d’une façon ou d’une autre dans le processus politique, ce qui crée un climat toxique de suspicion chez les lecteurs québécois, qui n’ont pas tort, d’ailleurs! Les journalistes sont honnêtes et sont pour la plupart des professionnels qui méritent le respect, mais trop de gens doutent de leur vraie allégeance et des limites informelles de leur liberté éditoriale.
Ils en sont venus à chercher massivement un média populaire mais indépendant, qui aurait l’intégrité de se tenir loin de la politique active. C’est probablement la raison de notre succès : nous représentons précisément ce qui manquait dans l’environnement médiatique québécois.
« Au Québec, les rapports incestueux entre les patrons de presse et les rédactions sont notoires »
Vous avez aujourd’hui des studios à Québec. Comment se passe une semaine de production chez 7 jours sur Terre ? Combien de personnes travaillent et collaborent au projet ?
Effectivement, nous sommes établis dans la capitale du Québec. Plusieurs choses sont à l’agenda chaque semaine. D’abord, je suis chaque semaine en direct pour deux blocs d’une heure : l’un avec nos abonnés payants, l’autre avec le grand public. Typiquement, nous allons tenter en équipe de dégager trois ou quatre sujets qui sont importants dans l’actualité. Puis, nous passons quelques heures à étudier ces dossiers et à préparer les performances en direct. Ces rendez-vous hebdomadaires nous permettent de traiter de certains sujets qui ne font pas l’objet d’une capsule, de réagir à des enjeux plus rapidement, mais surtout à développer une relation plus directe avec notre audience. Je prends les questions du public et j’interagis beaucoup avec lui en direct.
Nous avons également le volet blog, qui réunit la majorité de nos collaborateurs. Ces collaborateurs nous envoient leurs billets depuis le monde entier et nous en faisons la correction et l’édition, avant de les publier sur nos plateformes.
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Évidemment, l’activité la plus exigeante demeure la production de nos capsules vidéos. C’est un processus qui exige plusieurs jours et qui ne peut se faire en claquant des doigts. Il faut faire preuve chaque semaine de beaucoup de rigueur afin de livrer la marchandise. Chaque étape doit commencer à un certain moment afin d’être terminée à temps pour la suivante. D’abord, le choix du sujet, la recherche et l’écriture. Ensuite vient le tournage, qui dure environ 1h30. Une fois le tournage terminé, les images s’en vont au découpage afin qu’on y sélectionne les meilleures prises. Après cette étape, nous avons une coquille vide, soit une suite de prises cohérentes les unes avec les autres mais sans animation, donc truffées d’espaces vides. Ces espaces sont comblés par des animations graphiques produites par un logiciel de motion design, ce qui est une étape relativement ennuyeuse mais tout de même artistiquement stimulante.
Finalement, nous lançons bientôt notre baladodiffusion en format audiovisuel, ce qui représentera certainement un autre pôle important de nos activités médias.
Au total, une quarantaine de personnes gravitent autour de 7 jours sur Terre.
Pensez-vous un jour accéder au 100% payant sur votre site ?
Le modèle payant a toujours été une façon pour nous de garantir la pérennité de nos productions publiques et gratuites et c’est quelque chose auquel nous tenons beaucoup. Pour nos abonnés, c’est aussi une des raisons majeures de contribuer : ils permettent au grand public d’avoir accès à une offre médiatique qu’ils considèrent comme essentielle. Le partage de la connaissance est au cœur de notre mission.
Quel regard portez-vous sur la France de façon large, Benjamin Tremblay ?
J’ai énormément d’admiration pour la France. Il existe en France un certain respect, ou plutôt un respect certain pour l’intellectualisme et la vie des idées, ce qui manque cruellement au Québec. Je vois en la France une partenaire dans la défense de la francophonie, dans la promotion de la culture mais également dans le développement des liens entre les peuples. Nous portons un bagage historique commun qui encore aujourd’hui, nous rapproche par des liens bien plus forts que nous l’imaginons.
De plus, j’ai toujours considéré le républicanisme à la française comme étant un modèle d’État moderne dont le Québec devrait s’inspirer. Nous vivons des déchirements sur la question de la laïcité de l’État et je crois que nous avons beaucoup à apprendre de la France à cet égard.
Sur une note plus négative, la France est aussi un exemple éloquent de politique ratée en terme d’immigration et d’intégration des nouveaux arrivants. Le Québec est actuellement en train de commettre les mêmes erreurs qui ont mené à ce tableau et pour beaucoup de commentateurs, la France est un exemple malheureux des tensions sociales qui pourraient se produire.
Pour finir, Eric Simard, le directeur de la Librairie du Square à Montréal déclarait « Au Québec, 50% de la population sait à peine lire ». Comment réagissez-vous à cela ?
C’est une déclaration qui revient souvent dans les médias et qui est parfois mal interprétée. Après des tests de lecture, des chercheurs ont constaté qu’environ 50% de la population avait énormément de difficulté à se rappeler ce qu’ils venaient de lire. Ils les ont appelé les »analphabètes fonctionnels » et lentement, des gens se sont mis à faire l’amalgame avec le taux de littératie, ce qui n’est pas tout à fait exact. Ceci dit, il faut avoir la lucidité de reconnaître certaines choses. D’abord, il est vrai que les Québécois lisent très peu et que plusieurs démontrent littéralement du mépris pour la littérature. La semaine dernière, l’académie des lettres du Québec a perdu toutes subventions… il existe effectivement un je-m’en-foutisme toxique quant à la culture des lettres. La littérature n’est pas enseignée à l’école et le taux de décrochage chez les jeunes est un fléau que nous combattons activement avec très peu de succès. C’est un peu pourquoi nous avons migré vers le format de capsules que vous connaissez aujourd’hui, plus court et dans un langage populaire. Le secret est de connaître son audience et de travailler en conséquence. Je vous mentirais si je vous disais que nous n’en tenons pas compte.
7 jours su Terre est à retrouver ici : www.7jourssurterre.com