Clotilde Courau : « Je suis toujours bouillonnante à l’intérieur, j’ai un feu pour ce métier qui ne s’est jamais éteint »
Invitée d’honneur de la 40ème édition du Cinémed, l’actrice a évoqué sa carrière et ses engagements lors d’une rencontre avec la presse.
A peine arrivée à Montpellier, Clotilde Courau ne cache pas son émotion : « C’est la première fois qu’un festival me met à l’honneur ! » Il faut dire que tout a commencé en méditerranée : son premier film, « Le Petit Criminel » (Jacques Doillon, 1990), a été tourné à Sète. « C’est une région qui m’a toujours porté chance », affirme-t-elle. Pourtant, même si elle a vécu en Egypte, la comédienne ne se sent pas exclusivement imprégnée de la grande bleue : « Je suis du monde et la méditerranée fait partie du monde ! » Le Cinémed lui consacre une rétrospective mais le festival a aussi souhaité, à travers ses films, souligner ses engagements. Car ne nous y trompons pas, sa voix douce et son attitude bienveillante n’éludent pas sa force de caractère : Clotilde Courau assume ses choix, sa liberté de parole et ses engagements, en tant que femme et en tant qu’artiste. « Ce n’est pas une pancarte ou un dogme que je porte, c’est juste ce que je suis », tient-elle à préciser. « Je suis une enfant de la guerre civile, ça vous marque à jamais. Et vu dans le monde dans lequel on vit aujourd’hui, j’essaie de comprendre pourquoi on a tendance à régresser. On divise pour mieux régner, on nous balance des cacahuètes pour qu’on se tape sur la gueule », poursuit-elle.
Obscurantisme, mouvement #MeToo…, l’actrice prône le débat apaisé : « Il faut s’écouter et surtout ne pas se laisser diviser. On doit pouvoir débattre de tous les sujets, même si nous ne sommes pas d’accord. Que l’on soit dans un camp ou dans un autre. » La comédienne dit être très inspirée par Delphine Seyrig ou Jane Fonda, des actrices « engagées » puis « mises à l’écart ». Mais pour elle, c’est une « prise de risque » qui vaut la peine quand on veut être en accord avec soi-même. Des valeurs, des points de vue, un métier, dont elle débattra avec les étudiants en option cinéma venus la rencontrer au festival : « Il ne faut pas oublier que l’humanité est caractérisée par son ambivalence, tous les être humains sont complexes, on a aujourd’hui tendance à vouloir que tout le monde soit identique… Le cinéma et la culture doivent montrer ces différences. L’éducation, la transmission, c’est essentiel. Et le Cinémed y participe. La société évolue, on ne peut pas aller contre ! »
Une évolution qui la caractérise également, elle qui dit avoir connu deux périodes dans sa carrière. «Au début, j’ai l’impression d’avoir été une enfant gâtée du cinéma, puis il y a eu l’après Philippe Garrel (L’ombre des femmes, 2015). Le Cinémed me permet de faire un point sur ce que j’ai fait, ce que je vais faire. » La comédienne annonce d’ailleurs se lancer un défi en préparant un stand-up : « J’en ai envie ! Peut-être que ça va faire un flop, mais j’aime me mettre en danger », confie-t-elle. Et d’ajouter : «L’humour ne peut pas être dissocié de l’engagement. » Celle qui a connu des hauts et des bas n’a rien perdu de sa verve et sa détermination : « Je vis beaucoup avec l’idée que tout est écrit et toutes les épreuves me permettent de me définir. On peut tout surmonter. »
Pour ce qui est du cinéma, Clotilde Courau sera dans le prochain film de Paul Verhoeven. Elle affirme avoir toujours la flamme : « Je suis toujours bouillonnante à l’intérieur, j’ai un feu pour ce métier qui ne s’est jamais éteint. J’ai envie de soutenir des projets, de faire partie d’une famille de cinéma à la Guédiguian. Surtout quand on sait qu’aujourd’hui, faire des films relève parfois de l’épreuve. » Et de conclure : « La liberté de penser, c’est ça le plus important. »
40ème Cinémed Festival international du cinéma méditerranéenMontpellierDu 19 au 27 octobre 2018www.cinemed.tm.fr/
(Crédit photo : Clotilde Courau © Roch Armando)