Angoulême: De Wolinski à la nouvelle bd belge

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Par Julie CadilhacPUTSCH.MEDIA / Si le stand Soleil est sous les feux de la rampe avec l’exposition « Le monde de Troy « et une aire de dédicaces immense,ce sont les nuages qui règnent en maître à Angoulême ce vendredi 28 janvier et le froid vif incite, outre le tour traditionnel sur les stands des exposants, à profiter à l’intérieur de la riche programmation du festival. Les bdphiles peuvent d’abord découvrir l’espace para-bd où de nombreux exposants proposent aux collectionneurs sérigraphies, figurines et produits dérivés . On peut assister à des rencontres dessinées : aujourd’hui, Julie Maroh, auteure du roman graphique ( sélection Angoulême 2011) Le bleu est une couleur chaude, a expliqué ses techniques d’illustratrice et dessiné sous les yeux du public une planche de sa prochaine bd qui traitera, confie-t-elle, les aventures d’un jeune héros exécrable. En sous-couche? le mythe de Narcisse qu’elle souhaite s’approprier en insérant dans de nombreuses séquences une forêt, symbole freudien de l’univers intérieur d’un être, et une rivière, seule source de lumière dans un univers graphique sombre . Demain même rendez-vous au conservatoire avec Mathieu Lauffray ( 12h), Chauzy ( 13h30), Vincent Perriot (15h) ou encore Jul (17h) auteur de Silex and the City…. La journée est l’occasion aussi de fureter dans les passionnantes expos que propose le festival. Parlons en premier lieu de  » Quand la BD s’en mêle » à la Maison des peuples et de la paix qui a donné carte blanche à Chantal Montellier, auteur de Tchernobyl mon amour, Les damnés, Sous pression …. Chantal Montellier qui fut également dessinatrice de presse et qui y expose de délicieux dessins corrosifs féministes ( Du 27 au 30 janvier 2011 de 10h à 22h). Pionnière de l’expression des femmes en bande dessinée, Chantal Montellier pointe avec beaucoup de justesse l’arrogance du pouvoir masculin et la légitimité féminine à se défendre. Dans la superbe église Saint-Martial ensuite, deux expositions : « Le hasard ou dessein fou de Dieu » et « La Génèse » qui mêlent spiritualité et humour. S’y déroulent des conférences pour adultes et enfants où le catéchisme prend des couleurs ludiques et attractives. Coup de coeur enfin pour l’expo intitulée  » Génération spontanée – La nouvelle bande dessinée belge francophone » à l’espace Franquin : l’occasion de découvrir des pinceaux et crayons belges au style inclassable, engagé, poétique et/ ou expérimental qui réinventent la bande dessinée et lui offrent de nouvelles techniques. Cette expo collective est l’occasion, non pas d’oublier les anciens ( Franquin, Hergé, Morris, Jacobs) mais de réaliser que la nouvelle génération est dotée d’un potentiel tout aussi brillant. A l’heure où le Figaro publie que le marché de la bd résiste surtout grâce aux classiques et affirme que les lecteurs sont frileux et achètent bien mieux des Tintin, Astérix ou Blake et Mortimer que des ouvrages d’auteurs plus contemporains, cette exposition éveille notre curiosité et incite à se tourner vers la nouvelle génération. A découvrir? En vrac….Thierry Van Hasselt, Vincent Fortemps et sa cinémécanique, Dominique Goblet créatrice d’émotions qui joue sur la page et le lettrage autant que sur le rendu de la matière, Judith Forest et son 1h25… mais aussi une sélection de planches du site collectif  » Grandpapier.org« , véritable « auberge espagnole à la belge » réunissant des centaines de pages publiées ou non…..ou encore Max de Radiguès, Pascal Matthey et ses planches à l’acrylique centrées sur l’intime ,auteurs de www.employe-du-mois.org.
Un petit tour et puis s’en va vers 17h au théâtre Odéon pour l’avant-première de « J’étais un sale phallocrate », documentaire inédit réalisé par Pierre Hodgson ( Arte France), en compagnie de Georges Wolinski à l’occasion de la sortie de son livre « La sexualité des français » ( Drugstore- Arte Editions). Après une présentation teintée d’humour du septuagénaire, on découvre un documentaire mêlant dessins grivois de l’artiste et réflexions sur l’évolution des moeurs sexuelles. Plaisir de voir se confronter le point de vue de celui qui aime dessiner de jolies femmes nues et celui de sa compagne, féministe et critique du travail de son époux dont elle attribue en partie le machisme à son incorrigible solitude. Le reportage interviewe également la nouvelle génération, ZeP et Arthur de Pins, qui expliquent très justement que le sexe a changé dans la bd et qu’il est devenu davantage un sujet de rire que d’excitation. Y sont montrés également la complicité du couple Crumb et l’amitié admirative réciproque de Wolinski et Milo Manara….et puis deux fantômes surgissent : Dubout et ses dessins érotiques longtemps cachés au public et Reiser, compagnon regretté de Georges Wolinski. Le documentaire à découvrir : ICI
Et puis, voilà que la nuit tombe et Angoulême semble s’animer d’une autre énergie, plus festive…c’est l’heure où les coupes de champagne s’acoquinent avec les lèvres harassées d’avoir trop parlé, trop démarché, trop souri, trop piétiné et les amuse-gueules s’imposent….les bdphiles déambulent dans les rues enserrant les albums dont ils ont pu décrocher les dédicaces et on se dit qu’au vu de l’affluence de ce vendredi, il faudra arriver tôt demain matin pour trouver à se garer dans les rues d’Angoulême…

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