Vivre et communiquer avec un proche…

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Le quotidien d’une personne boulimique-anorexique ne ressemble à aucun autre. Les journées se suivent… et se ressemblent. Des journées rythmées par les crises de boulimie et les vomissements. Entièrement dépendante de son obsession à la nourriture, la personne malade rejette peu à peu tout ce qui vient se mettre en travers de cette relation exclusive : rapports avec les autres, activités de loisirs, vie professionnelle… Les crises de boulimie, souvent vécues dans le secret, la honte et la culpabilité, lui permettent d’atteindre un état de vide qui l’apaise et la tient éloignée du monde, de ses dangers, et de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une émotion. La personne boulimique-anorexique ne vit pas. Elle survit. Outre les vomissements, les comportements compensatoires adoptés par la personne boulimique-anorexique peuvent être variés : jeûne, prise de laxatifs, pratique intensive de sports…, tout comme le comportement alimentaire qui peut se caractériser par des crises de boulimie ou par un grignotage incessant. Ainsi, il n’est pas toujours facile de diagnostiquer la maladie qui peut être très bien dissimulée et passer inaperçue si l’on n’est pas suffisamment attentif. Mais si la maladie est de mieux en mieux connue du fait de la médiatisation dont elle fait l’objet depuis quelques années, on parle encore peu du calvaire vécu par l’entourage de la personne malade. Et pourtant, la souffrance vécue par les proches est au moins tout aussi intense. Des proches qui assistent, souvent désemparés, à la descente aux enfers de leur fille, de leur compagne, de leur amie, de leur sœur…, moins souvent de leur fils, de leur frère…Car si l’auteur nous rappelle très justement que la boulimie-anorexie n’est pas une maladie exclusivement féminine, force est de constater que les hommes y sont beaucoup moins sujets.
Psychothérapeute spécialisée depuis vingt-cinq ans dans le traitement des personnes boulimiques-anorexiques et elle-même ancienne boulimique, Catherine Hervais a choisi de s’intéresser et de s’adresser aux personnes qui partagent le quotidien de leur proche malade.
Dans ce livre complet et pratique, elle s’appuie sur de nombreux cas concrets et parlants pour les aider à mieux comprendre ce que traverse la personne malade, à mieux communiquer avec elle, à adopter les bons comportements et à surmonter les moments difficiles qui ponctuent inlassablement chaque journée.
Comment réagir lorsque survient une crise ? Quelle réaction adopter face à une attitude agressive ? Comment lui faire respecter votre propre hygiène de vie ? Que faire lorsqu’elle maigrit trop ? Comment faire face à ses fluctuations d’humeur intempestives ?…

L’auteur préconise de ne pas chercher à jouer le rôle d’un médecin ou d’un thérapeute dont on a tendance à se sentir naturellement investi lorsqu’on voit notre proche en souffrance. Vouloir l’aider à tout prix à s’en sortir, essayer par tous les moyens d’éviter une crise de boulimie, l’assaillir de remarques culpabilisantes, chercher à la raisonner, trop la materner… ces comportements souvent spontanés ne feront que détériorer un peu plus les relations et ne lui seront d’aucun secours.
C’est en restant à votre place, en étant présent, à l’écoute, et en lui fournissant un environnement équilibré que vous l’aiderez sans négliger votre propre bien-être.
L’auteur nous conseille vivement d’accepter le fait que nous ne puissions pas guérir à sa place.
Elle répond aux questions les plus variées de proches qui se sentent souvent démunis face à l’ampleur de la maladie.
« Elle est boulimique. C’est quelqu’un de très déterminé. Est-ce qu’il ne suffit pas qu’elle le veuille vraiment pour s’en sortir ? ; Elle est très grosse. Est-elle boulimique ? ; Elle se fait vomir. Comment l’empêcher de se détruire ? ; Elle se scarifie en s’entaillant les poignets et les cuisses. Faut-il l’en empêcher ? ; L’anorexie et la boulimie sont-elles des formes de dépression ?… »Mais rassurez-vous : la boulimie, on s’en sort ! C’est par ce message d’espoir que conclue l’auteur, et il est vital de s’y accrocher, même lorsqu’on pense avoir atteint un point de non-retour.
Il est possible de s’en sortir, à condition bien sûr d’accepter l’aide d’un thérapeute et de se préparer à ce que la guérison soit longue et traversée de moments de doute. Car si les crises de boulimie peuvent disparaître au bout de quelques mois, le comportement obsessionnel, lui, est plus long à guérir. Il traduit un trouble sévère de l’identité qui nécessite une véritable reconstruction.
Traiter les symptômes de la boulimie ne suffit pas à guérir à long terme quelqu’un de la maladie.

Ce livre aidera les proches de personnes boulimiques-anorexiques à traverser cette épreuve douloureuse, à mieux comprendre la maladie et surtout à garder la force et l’espoir.
Car la boulimie, il faut le répéter : on s’en sort !

Mélina Hoffmann
« Vivre et communiquer avec un proche boulimique-anorexique »
de Catherine Hervais

Editions Inter

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