Pef : un virevoltant éloge de la lecture
Par Pascal Baronheid – Livres de poche, livres de bonnes pioches. Les petits formats s’en donnent à cœur joie. Pour peu qu’on lise dans le regard des flamants roses, il n’est pas anormal d’ avoir des envies mallarméennes poussant à « Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres / D’être parmi l’écume inconnue et les cieux! ».
Pef a dans l’encrier des voyelles assoiffées d’ailleurs. C’est qu’on ne fréquente pas impunément Nicolas Bouvier. Alors on écrit comme on apprend à se taire : pour ne pas être interrompu. Avec l’envie de proposer des gourmandises à ceux qui les aiment, persuadé, à l’instar de R.L. Stevenson, que tout livre est dans son intimité une lettre ouverte aux amis de l’auteur. On a beau multiplier déjà les casquettes, le désir demeure fort d’encore changer de chaîne.
Pef propose, parmi ses lectures, un voyage empruntant des lignes qui desservent les gares de Jerome K. Jerome, Milena Agus, Pierre Mac Orlan et tant d’autres, au gré d’aiguillages inspirés. Le réseau est d’une densité ébouriffante. Nous avons affaire à un liseur patenté, soufflant à ses heures des vers qu’il gonfle à l’hélium pour le plus grand bonheur de ceux qui vont le nez en l’air. Il intitule éloge de la lecture ce qui constitue aussi – d’abord – un virevoltant éloge de l’écriture.
« Petit éloge de la lecture », Pef, Folio,2 €
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