Iosefina Pascal : « Chaque jour qui passe dans ce cadre antidémocratique ne fait qu’alimenter la colère en Roumanie »
L’annulation choc de la présidentielle roumaine par la Cour constitutionnelle a plongé le pays dans la tourmente. Entre accusations d’ingérence russe et soupçons d’influence des élites européennes, la journaliste d’investigation roumaine Iosefina Pascal décrypte sans détour les dessous de ce séisme politique. Un entretien percutant sur la bataille entre un peuple en quête de changement et un establishment accroché au pouvoir depuis des décennies qui tente de faire taire la voix du peuple.
Quelle est votre analyse des raisons qui ont conduit la Cour constitutionnelle à annuler l’élection présidentielle en Roumanie ?
En analysant les raisons, il faut examiner le contexte politique en Roumanie. Nous avons un gouvernement de coalition composé de libéraux (qui sont en réalité des progressistes se faisant passer pour des conservateurs – PNL, membre du groupe PPE européen) et de sociaux-démocrates (membres du groupe S&D européen – PSD). Normalement, une telle coalition ne tiendrait pas longtemps, car ces deux partis sont idéologiquement opposés. Mais cette coalition fonctionne car elle sert les intérêts financiers de l’élite. Elle est composée des mêmes politiciens qui dirigent la Roumanie depuis 30 ans. Cela a bien servi l’establishment, mais ils ont plongé la Roumanie dans une crise économique et juridique.
« Cette coalition fonctionne car elle sert les intérêts financiers de l’élite. Elle est composée des mêmes politiciens qui dirigent la Roumanie depuis 30 ans. Cela a bien servi l’establishment, mais ils ont plongé la Roumanie dans une crise économique et juridique »
L’opposition en Roumanie est composée de deux grands partis : AUR (anti-globaliste, anti-Soros, conservateur, membre du groupe CRE européen) et USR (pro-Soros, progressiste, membre du groupe Renew Europe dirigé par Emmanuel Macron).
Tous ces partis avaient des candidats à la présidentielle, et tous les sondages manipulés prédisaient la victoire du candidat du PSD, …