Charles-Henri Gallois: « Il ne faut pas exclure que ce soit l’UE qui décide in fine le budget de la France »

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À la suite d’un rapport inquiétant de la Cour des Comptes et d’une procédure pour déficit excessif lancée par la commission européenne, la France fait face à des difficultés financières inédites au regard de ces trois mille milliards de dette. Charles Henri-Gallois, président de Reprenons le contrôle et candidat RN aux dernières législatives nous éclaire sur les risques économiques majeurs à venir pour la France.

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Après un rapport accablant de la Cour des Comptes, une ouverture de procédure en déficit excessif vient d’être annoncée contre la France. Qu’est-ce que cela implique ?
Cela implique plusieurs choses puisque nous venons de franchir l’alinéa 6 de l’article 126 du TFUE qui encadre la procédure pour déficit excessif. Les prochaines étapes sont les suivantes :
Le Conseil, sur proposition de la Commission européenne, va proposer des recommandations à la France pour redresser sa trajectoire budgétaire. Si la France ne donne pas suite à ces recommandations, elle peut être mise en demeure de prendre les mesures en question. Il s’agit donc en réalité d’obligations. Le Conseil et la Commission vont demander des rapports jusqu’à correction et une éventuelle amende si la correction n’a pas lieu et que les recommandations ne sont toujours pas mises en œuvre.
Il est aussi intéressant de noter que le règlement de 2013 (n°473/2013,) précise l’application de cet article des traités. L’UE y exige un audit indépendant des comptes publics. L’audit indépendant des dépenses publiques est une demande de longue date du Rassemblement national. Bizarrement, les Macronistes nous expliquaient pendant la campagne des élections législatives que c’était parfaitement inutile. Il semble que leur UE chérie pense le contraire.

Vous avez d’ailleurs regretté que certaines institutions ne se soient réveillées qu’après les élections. Quelle analyse peut-on en faire ?
On ne peut rester que dans la conjecture mais l’on ne peut que constater que la Commission européenne a attendu la fin des élections européennes pour émettre ses « recommandations » de politique économique et sociale et qu’elle a attendu la fin des élections législatives pour émettre son rapport sur le déficit excessif et que la procédure a été officiellement actée cette semaine.
C’est la même chose avec le Cour des comptes qui a attendu la fin des élections législatives. Le FMI tire aussi à son tour la sonnette d’alarme en exhortant la France à « agir rapidement sur sa trajectoire budgétaire ». Ces réveils tardifs ont de facto avantagé la Macronie lors de ces élections législatives car cela lui a permis d’entretenir l’illusion d’un sérieux économique alors que son bilan économique et financier est sans aucun doute le pire de toute la Ve République.

« On ne peut rester que dans la conjecture mais l’on ne peut que constater que la Commission européenne a attendu la fin des élections européennes pour émettre ses « recommandations » de politique économique et sociale et qu’elle a attendu la fin des élections législatives pour émettre son rapport sur le déficit excessif »

 

Le nouveau ministre de l’économie aura jusqu’au 20 septembre pour présenter un programme de réformes à Bruxelles. Recommandations ou obligations ?
C’est une obligation puisqu’il peut y avoir une amende équivalente la 0,1% du PIB. Les règlements européens sont très clairs là-dessus et Bruxelles aura encore plus de grippe que d’habitude pour imposer des réformes.
On peut imaginer le chaos qui va régner puisque l’alliance contre nature de Philippe Poutou à Xavier Bertrand, en passant bien sûr par Emmanuel Macon, qui ne visait qu’à faire barrage au RN, n’aura aucune majorité cohérente. Ils vont s’écharper sur la moindre décision et seront incapables de voter un budget cohérent.
Il ne faut pas exclure que ce soit l’UE qui décide in fine le budget de la France. Emmanuel Macron serait ravi puisque cela acterait la dissolution finale de la France dans l’UE. Je rappelle à toutes fins utiles que la Révolution française a eu lieu entre autres pour que le peuple, à travers ses représentants élus, puisse contrôler le budget de l’État.

 

« Il ne faut pas exclure que ce soit l’UE qui décide in fine le budget de la France. Emmanuel Macron serait ravi puisque cela acterait la dissolution finale de la France dans l’UE »

 

Dans un avenir plus ou moins proche, la France pourrait-elle être mis sous tutelle du FMI ?
Ce n’est pas à exclure. Si le Nouveau Front Populaire avait eu une majorité absolue, avec son programme délirant en termes de finances publiques, il est certain que nous aurions été mis sous sutelle du FMI en quelques mois. Emmanuel Macron et Gabriel Attal, par leur tambouille politicienne abjecte et les désistements, ont fait courir à la France ce risque. C’est dire l’irresponsabilité de ces deux personnages, qui se permettent en plus de distribuer ensuite les brevets de républicanisme aux uns et aux autres.

Bruno le Maire tente de se recaser en Suisse alors que son bilan est catastrophique. Quelle est votre réaction à cette reconversion avec l’état actuel des Finances ?
Le jour de la démission du gouvernement et de la fin de Bruno Le Maire à Bercy, il a eu deux événements importants : la France placée officiellement en déficit excessif et la fermeture de 3 usines Valeo avec la perte de milliers d’emplois industriels. Cela symbolise assez bien le bilan économique et financier de la Macronie. 1000 milliards d’euros de dette publique additionnelle en 7 ans, là où il avait fallu 50 ans auparavant, et une prétendue réindustrialisation qui n’a jamais eu lieu. Bruno Le Maire va peut-être pouvoir apprendre et voir en Suisse ce qu’est un pays bien géré financièrement. Malheureusement pour lui et pour les Français, ça serait 7 ans trop tard.

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