Une femme en-dessous de tout soupçon

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Romain Slocombe gagne encore à être connu. On lui doit pourtant une trentaine de romans, une dilection pour le Japon et une passion acharnée pour ce que les Français appellent pudiquement les années troubles de l’Occupation.

Passé notamment par le Série Noire, Fayard Noir, La Branche et Seuil policiers, Slocombe a écrit sous la bannière de « La Bête Noire »,7 volumes autour de Léon Sadorski, piteux et paradoxal bras armé de l’occupant vert-de-gris. Il s’attache cette fois au cas d’Aline Beaucaire. Femme de chambre alsacienne, elle oscille entre France et Allemagne, au gré des fortunes guerrières. Le coup de foudre pour un aviateur français compromis avec l’ennemi va marquer la fin de sa vie de femme sans histoires et lui valoir des péripéties en cascade, qui commencent par un franchissement douloureux de la ligne de démarcation. A la Libération, elle devra rendre des comptes à une administration hexagonale aussi obtuse qu’approximative (nihil novi sub sole) qui la soupçonne d’être la « Panthère Rouge », agente active de la Gestapo, et met à la confondre un acharnement tiède: « Ou elle est vraiment poire, ou elle ment, et a des choses à cacher ». Une fastidieuse kyrielle de documents déclassifiés entretient le doute et maintient l’incertitude romanesque. Horizontale naïve ou courtisane vénéneuse ? Même le savon de Marseille peine à lui rendre de la blancheur.

« Une sale française », Romain Slocombe, Seuil, 20 €

Les amateurs de cette période seront intéressés par la parution prochaine (mars) aux éditions Autrement d’ un « Atlas de la France dans la Seconde guerre mondiale, de la drôle de guerre à la Libération »

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