Michèle Tribalat: « La France s’est liée les mains dans le dos et ne dispose plus des leviers politiques qui lui permettraient de réguler le flux de l’immigration »
La démographe Michèle Tribalat est très peu invitée dans les grands médias. Et pour cause, ses travaux de recherche et ses analyses sont très loin des chemins de la doxa sur la question de l’immigration. Alors que l’île de Lampedusa est submergée par des « migrants » depuis plusieurs jours, Michèle Tribalat a accordé à Putsch un long entretien sur la question explosive de l’immigration en France et de son rapport à la classe politique française, qui, selon la démographe, s’est liée les mains à l’Union européenne.
Malgré votre expertise, il semblerait que vous soyez toujours blacklistée dans les grands médias. Qu’est-ce que cela dit de notre société ?
Si, par grands médias, vous entendez Libération, Le Monde ou l’Obs, alors oui c’est vrai. Mais, compte tenu de ce que sont devenus ces médias, cela me paraît plutôt un bon signe. Disons que je m’inquièterais si, soudainement, ils faisaient appel à moi. Je me demanderais quelle bourde j’ai bien pu commettre pour retrouver leurs faveurs.
« Blacklistée » est un bien grand mot pour désigner le traitement que me réserve une partie des médias qui accorde du crédit aux attaques personnelles réitérées d’Hervé Le Bras. D’après lui, même Thierry Mariani et Marine Le Pen, avec lesquels il a débattu, seraient à ma gauche. C’est dire ! L’Ined en général et moi en particulier avons été en quelque sorte lepénisés, à l’insu de notre plein gré, dans les années 1990, lors des « règlements de comptes » de Le Bras. Accuser quelqu’un de fricoter avec l’extrême droite est une excellente couverture pour se protéger de ses propres turpitudes. C’est aussi une manière de rejouer la lutte contre la bête immonde. Le philosophe australien Kenneth Minogue appelle cette manie le syndrome de Saint-Georges à la retraite. Que faire après avoir terrassé le dragon ? S’en inventer de nouveaux.
Par ailleurs, il est des médias que j’évite, non parce qu’ils seraient problématiques mais parce que je n’y suis pas à l’aise …