Thierry Breton vise la présidence de la Commission Européenne
Alors que les élections européennes se dérouleront dans moins d’un an, les rumeurs vont bon train
et les manœuvres s’enchaînent en coulisses pour briguer la présidence de l’exécutif européen. Selon le site Politico, le français Thierry Breton, commissaire au marché intérieur, est dans les starting-blocks.
Aurait-on trouvé un héritier à Jacques Delors ? Il semble en tout cas qu’un ancien ministre de l’économie, comme lui, ambitionne d’occuper le poste qui a été le sien de 1985 à 1995. Il devra, pour ce faire, obtenir l’appui des chefs d’États et être confirmé par le Parlement Européen nouvellement élu.
Breton outsider
Depuis le début du mandat de la commission Von der Lyen en 2019, le commissaire français s’est souvent montré sur nombre de sujets dont l’eurocratie s’est emparé. On pense notamment à son combat pour la régulation du numérique en Europe, dossier sur lequel il s’improvise chasseur de tête avec en ligne de mire celle du nouveau patron de Twitter : Elon Musk. Il fut également très actif sur l’achat au niveau européen des vaccins COVID, le plan de relance européen ou les livraisons d’armes à l’Ukraine.
La nomination à la présidence de la Commission étant assez feutrée, comme toute les manœuvres majeures au sein de l’UE, il est difficile d’estimer la cote réelle de Thierry Breton. Il semble en tout cas que ses deux principales rivales, Ursula von der Lyen et Margrethe Vestager, aient d’autres ambitions. La première, éventuellement candidate à sa propre succession, serait pressentie au secrétariat général de l’OTAN et la seconde, actuellement vice-présidente de la Commission, « envisage un nouveau rôle à la tête de la Banque européenne d’investissement » selon Politico.
Thierry Breton s’est d’ailleurs écharpé avec la vice-présidente danoise sur la nomination de l’américaine Fiona Scott Morton en tant qu’économiste en cheffe de la DG de la concurrence au sein de la Commission. Alors qu’Emmanuel Macron, accompagné de trois de ses ministres, menaient la charge contre cette nomination en public, le bureau de Thierry Breton quémandait, en interne, les signatures des autres fonctionnaires de la Commission pour une lettre s’opposant à l’américaine indique Politico. Le commissaire européen au marché intérieur a finalement eu gain de cause, en lieu et place de Mme Vestager, grande partisane de Scott Morton. Selon un responsable de la Commission qui s’est confié à Politico « Breton a eu l’occasion de faire chier Vestager, et ce n’est pas quelque chose qu’il laisserait passer. Il y a probablement des avantages secondaires, puisqu’il ne cache pas ses intentions de prendre la présidence de la Commission ».
Cet affrontement cache en réalité un désaccord idéologique dans les rangs de l’eurocratie. Celui entre les inconditionnels d’une ‘‘concurrence libre et non-faussée’’ (Margrethe Vestager) et les partisans de méthodes plus étatistes (Thierry Breton). Le commissaire français avait d’ailleurs pris parti pour la création d’un «fonds européen de souveraineté pour soutenir des projets industriels», en réponse à l’Inflation Reduction Act américain au mois de décembre dernier.
Pour briguer la présidence, Breton devra néanmoins compter sur l’appui des principaux groupes du Parlement que sont le Parti Populaire Européen (PPE) et les Sociaux Démocrates, ainsi que son propre groupe Renew Europe (libéraux). En ce sens, le commissaire français a rencontrer ses collègues Johannes Hahn, commissaire au budget et membre du PPE, et Paolo Gentiloni, commissaire à l’économie et membre des S&D européens, comme il l’a indiqué sur son compte Twitter.
L’éventuelle nomination de Thierry Breton suscite néanmoins des inquiétudes auprès de certains pays de l’Union qui craignent que cette présidence n’avantage trop Paris. La position de la France, éternelle dauphine d’une Allemagne qui mène la danse au sein de l’UE, laisse craindre qu’elle utilise le pouvoir d’un de ses citoyens au sein de la plus puissante institution communautaire.
Le commissaire français s’est déjà défendu d’une quelconque influence du gouvernement français, tout comme Jean-Claude Trichet en son temps qui avait déclaré, en tant que patron de la BCE, devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen « I’m not a french man », littéralement ‘‘Je ne suis pas un français’’.
Et d’ailleurs, qu’est-ce-que l’histoire de la construction européenne ? Si ce n’est celle de responsables politique et de hauts fonctionnaires français qui sacrifient les intérêts de la France pour que l’Allemagne consente a accentuer le fédéralisme européen (SME, Acte Unique, Maastricht, Euro). Pour ne pas les citer : Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterand, François Hollande, Jacques Delors, Jean Monnet, Jean-Claude Trichet, Pascal Lamy…
( capture d’écran compte twitter Thierry Breton)