Philippe Djian : Gaby la magnifique

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Djian aime le brassage des genres. Son nouveau livre ratisse large, du roman de marivaudage au précipité de polar, en passant par un petit traité de diplomatie canine.

Géraldine se trémousse, Coton frétille. Ils brûlent de se jeter dans les bras l’un de l’autre. Ces charmants petits chiens pourraient mettre un terme à la partie de bras de fer entamée par le sénateur Bruneville et la poétesse Gaby. Le casus belli : un terrain idéal pour y construire un parc d’attractions. Les investisseurs s’impatientent. Gaby, la propriétaire, refuse énergiquement de vendre. Son obstination menace la survie du journal local et, par ricochet, le gagne-pain de Nathan, gendre de Gaby. Le sénateur véreux (Djian s’offre un pléonasme gourmand) promet l’enfer à l’intransigeante. Une vasectomie foireuse s’invite au menu. La victime devient le gibier de choix de quelques femelles en rut et découvre la possibilité de faire mouche en tirant des balles à blanc. Gaby connaît un été indien phéromonal et le thermomètre de ses envies pulvérise allègrement 37°2 le matin. Djian cornaque de main de maître, dans un dépouillement éloquent, un microcosme si contemporain. L’apothéose, enfin « et c’est heureux car je n’en peux plus, je suis à bout de forces, elle pourrait me montrer de nouveau ses seins et même ses fesses/…/ que ça n’y changerait rien ».
Et tout le reste est littérature, écrivait Verlaine.

« Sans compter », Philippe Djian, Flammarion, 21 €

( Crédit photo : Witi de Tera – Opale)

 

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