Jean-Christophe Grangé: Une paisible affaire de famille

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Des écervelés, des éviscérées, une pincée de cannibalisme, une agression de sangsues, quelques petits carnages entre amis : entrer dans ce roman ne laisse pas le temps de se préparer tranquillement un bédo.

Lire Christophe Grangé c’est comme s’installer naïvement dans un Chesterfield qui n’arrêterait pas de faire des tonneaux. Tout commence à Paris, en mai 68. Des freluquets, des tronçonneuses, les emblématiques pavés dépourvu de bonnes intentions. Juste un regard condescendant sur la chienlit, puis circulez, il n’y a rien à voir . Sauf peut-être une jeune fille suspendue à une corde, dont « le torse était ouvert de la gorge au pubis et les organes se déployaient en coulées noueuses jusque sur le visage de la victime ». Une machine à tuer s’était mise en marche.

 

« Lire Christophe Grangé c’est comme s’installer naïvement dans un Chesterfield qui n’arrêterait pas de faire des tonneaux »

Si l’on croyait retrouver l’univers de Franck et Vautrin ou celui de Max du Veuzit, c’est raté. Tout s’articule autour de Jean-Louis, un flic, et Hervé, un rêveur d’une élégance à la Jean-Louis Trintignant, celui que Grangé qualifie de «  gringalet mutique des comédies italiennes ». Nés d’une mère au bénitier hospitalier, reconnus sans plus par des pères furtifs, ils se sont développés comme des maladies honteuses. En compagnie de Nicole, pensionnaire du monde inouï de la pensée, ils vont oublier les berges de la Seine pour celles du Gange, où le monstre devrait se cacher parmi un maelström d’utopies syncrétiques et crapuleuses.
L’hindouisme pour les surnuls, une mousson de méfaits et gestes orchestrée comme une production à grand spectacle dont l’épilogue se situera au Vatican, puisque « le diable ne harcèle pas ses proies, il les laisse venir à lui … ».

 

« Rouge karma », Jean-Christophe Grangé, Albin Michel, 579 pages. 23,90 €

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