Paul Pavlowitch : Le prix du panache

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« Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez au chemin de la victoire et de l’honneur ». Romain Gary n’avait rien à envier au Vert Galant. Il l’a démontré en portant à la République des Lettres une estocade mémorable. Exécuteur de ses œuvres et fidèle aide de camp, Paul Pavlowitch raconte.

A l’automne 1975, les académiciens Goncourt attribuent leur prix annuel à Emile Ajar pour son roman « La vie devant soi ». Ainsi s’accomplit la plus retentissante mystification littéraire du XXe siècle.
On ignore tout cet Ajar dont la maîtrise et le talent subjuguent ou attisent la jalousie. Les plus fins limiers du milieu parisien ont tenté vainement de flairer sa piste. La vérité n’éclatera que 5 années plus tard. Un livre touchant et couvert d’hématomes raconte l’éclatante manifestation d’orgueil d’un homme que son époque n’a cessé de traiter à rebrousse-poil. Bien des biographies assumées échouent à cerner la carrure, l’épaisseur de leur objet. On découvre au contraire, dans le récit de Pavlowitch, l’itinéraire d’un charmant mélancolique, aisément cogneur, qui traverse sa jeunesse sur le fil du rasoir. Plus tard il s’efforcera d’oublier. En vain. Au point d’éprouver le besoin vital de se réinventer.

Il sera longuement question de Jean Seberg, pour laquelle Paul P. éprouve une affection profonde. Avant de l’épouser, Romain devra divorcer de Lesley Blanch, figure considérable de la galaxie garyenne, laquelle évolue autour de femmes importantes. Pavlowitch évolue par petites touches, ne laissant rien au hasard, soucieux d’éviter les ornières d’une légende dorée. Gary se découvre pas à pas. En proie au doute, à l’exaltation froide, à l’amertume devant un grand œuvre dont l’époque ne veut pas. Cécité et ignorance, agacement et acharnement. Ici il se mure, là il fait montre d’une générosité invraisemblable envers les parasites qui tendent la main, se taillant une réputation de bonne poire. Il en ira de même avec des avocats engagés pour gérer le dossier Ajar. On songe au rôle peu glorieux joué par une figure du barreau que voudrait aujourd’hui panthéoniser un potentat à l’honneur perdu.
Pavlowitch n’a pas été qu’un homme de paille dévoué à son cousin Gary. Il affirmera ensuite une réelle carrure d’écrivain, au gré des six ouvrages déjà paru avant cette chronique nécessaire et séduisante.
« La tombe de Jean Seberg reste une de mes étapes. J’y retourne à chacun de mes passages à Paris ». Seul manque Diego Gary, sacrifié sur l’autel des vanités.

« Tous immortels », Paul Pavlowitch, Buchet Chastel. 23,50 €

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