Le cyclo-cross est une fête

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Voici la nouvelle coqueluche des réseaux cyclistes. Un sport pour gladiateurs et donc, pense-t-on, des joutes réservées aux hommes. Sauf que les femmes y excellent aussi et assurent désormais leur part de spectacle.

Située à un jet de pierre de Dunkerque, la charmante cité balnéaire de Koksijde (ou Coxyde) est une terre d’accueil pour le vélo, de la Bredene Koksijde Classic (qui compense la perte des célèbres Trois Jours de La Panne) à la réputée fête hivernale des labourés, connue internationalement sous l’appellation de Vlaaamse Duinencross. Tracé sur un ancien domaine d’entraînement militaire, noueux, le circuit n’autorise nul temps mort. Il est devenu mythique en 2012, année où il accueillait les championnats du monde de la discipline. L’équipe belge masculine y avait réalisé le super hold-up, classant ses sept coureurs en tête, de Niels Albert à Sven Nys.

Rivaux historiques des Belges, leur voisins néerlandais ont mis du temps à digérer l’affront. Les efforts déployés depuis quelques années portent leurs fruits. Mathieu Van der Poel est l’épouvantail qui hante désormais les nuits des Flahutes. Il a triomphé 3 fois au Duinencross depuis 2017 et les filles dominent leur catégorie de la tresse et des épaules, trustant cette année les six premières places. Et ce n’est pas près de s’arrêter. Les podiums 2023 sont cadenassés par la déjà fameuse génération 2002, les Van Anrooij, Van Empel, Pieterse. Comme la vengeance, le rollmops est un plat qui se mange froid.
Un trio magique se détache chez les hommes. Il est plus panaché : Wout Van Aert, meilleur coureur belge sur route et dans les champs, Mathieu Van der Poel, numéro un batave des classiques, Tom Pidcock, britannique et surdoué tous terrains. Les deux premiers cités s’affrontaient à Koksijde. Van Aert a défait sans discussion le petit-fils de Raymond Poulidor, à la grande joie de plus de 10.000 fans acquis à sa cause. Et la bière de couler à flots, les frites mayonnaise et les burgers de réconforter ceux qui n’avaient cessé d’encourager les champions pendant la journée.

Car le Duinencross ne se résume pas à des luttes homériques, ponctuées de soleils, de pirouettes impressionnantes et de « même pas mal ». Il est le théâtre d’une grande kermesse à la flamande, avec des cavernes à farandoles, des drapeaux à l’effigie des vedettes, une sono qui tonitrue. Le public est familial et bigarré, chauvin et bouillant. Ici, les champions sont accessibles et souriants. Lors des tours de reconnaissance, ils répondent de bonne grâce aux encouragements et s’arrêtent aux demandes de selfies. Rien à voir avec les mines patibulaires qui dissuadent d’approcher les coureurs au départ des classiques sur route. L’univers du cyclo-cross est une tour de Babel où l’on croise la championne de France Hélène Clauzel, la québecoise Magali Rochette, le tchèque Zdenek Stybar, le champion d’Espagne Felipe Orts Lloret, le japonais Tetsuki Kaji. La mondialisation est en marche. Déjà les Etats-Unis attirent le gratin européen et il ne faudrait pas s’étonner de voir bientôt le grand cirque visiter des contrées exotiques, d’autant qu’un chapiteau ne nécessite pas de ces infrastructures faramineuses qui coûtent tant de vies humaines…

Marc Emile et Pascal Baronheid

(copyright photo Sofhie Legein – gemeente Koksijde)

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