Pass Vaccinal et Présidentielle : en route vers un vote à distance?
La question se pose franchement depuis plusieurs mois sur les modalités de participation à l’élection présidentielle dès le 10 avril 2022, jour du premier tour. Jusqu’à là, le gouvernement avait assuré du bout des lèvres que les « lieux de démocratie » ne seraient pas soumis au pass sanitaire.
Cependant on peut en douter très fortement car l’amendement N°116 de la député Anne-Laure Blin qui prévoyait que « les lieux d’exercice de la démocratie sont exclus formellement de la liste des lieux dans lesquels est exigé un pass sanitaire ou un pass vaccinal » a été formellement rejeté lors du vote de la loi « renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire ». Etrange décision des députés qui laisse à penser que nous nous acheminons vers la présentation d’un pass vaccinal pour accéder aux isoloirs en avril 2022.
#directAN 4h du matin… les débats se poursuivent.
J’ai défendu mon amendement pour garantir l’accès aux lieux d’exercice de la démocratie.
Encore plus fondamental après les déclarations inquiétantes d’ @EmmanuelMacron mais malheureusement rejeté ! pic.twitter.com/NFhT9hdNwU— Anne-Laure Blin (@AnneLaureBlin) January 6, 2022
Plus inquiétant, on apprend aujourd’hui sur le site du Conseil Constitutionnel qu’à « sa demande, le Ministre de l’Intérieur, a été reçu le mardi 11 janvier 2022 par le Président du Conseil Constitutionnel, M. Laurent Fabius. Le Ministre a évoqué la possibilité que, après concertations, le gouvernement élabore de nouvelles mesures d’organisation qui apparaîtraient rendues nécessaires par la crise sanitaire, afin de garantir le bon déroulement de l’élection présidentielle. Le Président du Conseil constitutionnel en a pris bonne note et lui a confirmé que l’adoption de telles mesures appelleraient un contrôle du Conseil constitutionnel, chargé, aux termes du premier alinéa de l’article 58 de la Constitution, de veiller à la régularité de l’élection du Président de la République ».
Cela nous renvoie aux déclarations du Ministre de l’Intérieur en septembre dernier chez Jean-Jacques Bourdin où il assurait « qu’il commençait à travailler sur le vote à distance » même s’il assurait dans la même émission qu’il semblait matériellement impossible de le mettre en place pour la Présidentielle de 2022 et les législatives à suivre. Rappelons que le vote par correspondance, lui, a été supprimé en 1975 pour éviter les fraudes. De plus, la formule utilisée à savoir « de nouvelles mesures d’organisation qui apparaîtraient rendues nécessaires par la crise sanitaire » ouvre le champ des possibles.
Gérald Darmanin (@GDarmanin) dit "travailler à mettre en place le vote à distance" pic.twitter.com/1KAOQlzuEY
— BFMTV (@BFMTV) September 29, 2021
D’après les chiffres officiels du gouvernement qu’il faut prendre avec des pincettes, 6 millions de Français seraient donc exclus du vote traditionnel, voire plus si d’autres compatriotes refusaient de poursuivre leur schéma vaccinal au delà de deux doses, ce qui pourrait correspondre à une augmentation substantielle de plusieurs millions d’électeurs supplémentaires, dont on imagine qu’Emmanuel Macron pourrait perdre les faveurs.
Enfin, pour ne pas nous rassurer, le journaliste Benjamin Duhamel dans un tweet du mardi 11 janvier indique d’une réunion se tient à Matignon sur « les conditions d’organisation de la campagne présidentielle ». Y parle-t-on des jauges, des procurations, des comptes de campagnes ? Et-il question aussi des modalités du vote ? La coïncidence avec la rencontre de Gérald Darmanin et de Laurent Fabius et cette réunion à Matignon pose tout de même des questions.
Réunion à Matignon sur les conditions d’organisation de la campagne présidentielle. Beaucoup de demandes très techniques des candidats, sur les comptes de campagne, procurations… et il y a @ZemmourEric : « J’espère que vous n’allez pas jusqu’à emmerder les électeurs » @BFMTV
— Benjamin Duhamel (@Ben_Duhamel) January 11, 2022
A cette heure, le gouvernement qui passe en force pour rogner tous les jours un peu plus les libertés des Français, ne pourrait avoir aucun scrupule à tenter jusqu’au dernier moment d’imposer le vote à distance avec l’alibi de la crise sanitaire.