Jean-Paul Belmondo: « Bouge pas, meurs, ressuscite »
Bouge pas, meurs, ressuscite (1)
« Qu’est-ce qui constitue un comédien exceptionnel ? Une classe, une modernité, un équilibre, une façon de bouger, de marcher, de parler, de descendre les Champs-Elysées comme un seigneur alors qu’on n’est qu’un petit gangster à la mie de pain, ou d’être aussi crédible en boxeur et en grand patron qu’en écrivain raté. Aussi vraisemblable en Léon Morin, prêtre qu’en Homme de Rio, en intellectuel qu’en clown : ce n’est pas donné à tout le monde.
Cela s’appelle être champion toutes catégories. »
Ainsi Gilles Jacob voit-il Jean-Paul Belmondo, en ouverture de l’hommage qu’il lui rend dans un considérable « Dictionnaire amoureux ».
« On ne peut pas ne pas aimer cet homme-là », confie Claudia Cardinale dans une évocation que l’éditeur annonce Toc, Toc, Badaboum. Foin ici de tapis rouge et de smoking, de Croisette et de polémiques. Place à l’adulation virile, aux tranches de vie « punchy », à la pop culture. Un singe en hiver y compte peu en regard des Tribulations d’un Chinois en Chine ou des treize minutes de poursuite orchestrées pour Le Casse par Rémy Julienne. Monsieur Belmondo ? Connais pas ! C’est du Bébel pur jus, tout en dialogues sardoniques et en performances survitaminées. Aussi en cascades sans additifs ni colorants, qui rendent bien mièvres les ébats d’Eric Z en couverture de Paris Match. Un parcours ponctué de coups d’éclat dès le Conservatoire, enjolivé de dialogues mémorables, des présentations de films qui échappent heureusement aux ternes communiqués de presse, des créatures pulpeuses, des scènes cocasses, des rencontres inattendues, des secrets de tournage. Cet univers regorge de saveurs et de morceaux de bravoure qui relèguent les films de James Bond au rang d’aimables divertissements. On y croisa même Raymond Devos, qui aurait pu faire sienne cette réplique : Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de soixante kilos les écoutent.
« Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes », Gilles Jacob, Plon, 856 pages. 13 €
« Belmondo », Guillaume Evin, Hugo Image, 221 pages. 18,50 €
1- Premier film de Vitali Kanevski