Quel est le point de départ de la création de CulturMoov ?
En 2016, j’étais chercheur à la Bibliothèque nationale de France et je travaillais sur l’étude d’une collection d’objets précieux remontant à l’Antiquité. Cette étude a fait naitre CulturMoov en 2016. J’ai soumis à la ville de Paris lors d’un concours de start-up un projet d’application permettant de visiter les réserves de musées parisiens et d’avoir accès à des objets intouchables. Pendant plus d’un an, le musée virtuel CulturMoov a été accessible sur des tablettes tactiles dispersées dans une centaine d’abribus de la ville. Cela permettait de manipuler virtuellement 12 objets d’arts grâce à des photos de type gigapixels et 3D. Un an plus tard, nous avons lancé notre application web pour offrir un accès encore plus large aux collections, en collaboration avec plus de 50 institutions culturelles. Depuis 2018, nous organisons des événements culturels pour les entreprises, notamment des visites guidées traditionnelles et virtuelles. En 2020, CulturMoov a décidé d’ouvrir son catalogue de e-visites aux particuliers, aux touristes, aux écoles en créant une plateforme d’exploration virtuelle et physique du patrimoine français.
Vous proposez de nombreuses expos et visites virtuelles sur CulturMoov. Comment se fait cette sélection proposée aux internautes ?
Nous travaillons en collaboration avec la FNGIC (Fédération Nationales des Guides Interprètes et Conférenciers) et à ce jour, nous avons sensibilisé et, dans certains cas, formé plusieurs centaines de guides à la création de leur visite en ligne. C’est un échange constant avec eux : ils nous parlent de leurs visites, de leurs centres d’intérêts et de ce qu’ils aimeraient partager, et en retour nous leur donnons la possibilité de le faire sous un format digital et virtuel. En ce moment, certains diront que l’accès à la culture est difficile, et c’est vrai. Mais d’un autre côté, on voit que les guides ont à cœur de pouvoir continuer à offrir leurs prestations et leur univers, c’est pourquoi notre concept leur parle énormément. Par ailleurs, nous élaborons constamment de nouveaux formats de visite en ligne, comme la visite en stream live, en adéquation avec les attentes des publics et les pratiques des consommateurs d’aujourd’hui. CulturMoov crée aussi sa propre programmation de visite en ligne autour notamment des destinations touristiques.
Depuis le début de la crise sanitaire, le projet CulturMoov a-t-il su attirer de nouveaux utilisateurs ?
Les visites virtuelles existaient déjà avant la crise sanitaire. Cela dit, c’était surtout un outil utilisé par les professionnels de la culture comme les musées pour des publics bien spécifiques, souvent d’autres professionnels. Depuis le confinement, les particuliers ont dû trouver de nouvelles idées pour continuer d’avoir accès à la culture, ou tout simplement pour s’occuper. Alors évidement, cela a été un évènement a l’impact positif dans un certain sens. Aujourd’hui l’idée, ce n’est pas de présenter les visites virtuelles comme le seul moyen de se cultiver et d’approcher les sites d’intérêt : c’est un outil entièrement au service du patrimoine, et l’on souhaite que nos visites virtuelles suscitent chez les visiteurs l’envie de voyager et de découvrir la richesse culturelle française.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les visites guidées virtuelles payantes que vous proposez sur le site ?
Nous avons plusieurs formats de visites virtuelles guidées. Les visites live sont filmées en direct d’un lieu : une ville, un quartier, un monument, et permettent aux visiteurs d’interagir avec leur guide. On suit le guide comme lors d’une visite classique : c’est lui qui donne le rythme et qui nous fait découvrir les points d’intérêts. Par exemple en ce moment, on propose des circuits urbains au cœur de grandes villes normandes comme Rouen, Honfleur, Bayeux. Ici, les guides abordent les thèmes de l’histoire, des grands personnages qui ont foulé ces rues, avec toujours beaucoup d’anecdotes insolites. Nous proposons aussi des visites sur un ton plus bucolique ou vraiment inédites comme la visite Le long de la Seine à bicyclette, ou encore la balade dans le cimetière du Père Lachaise. Tout cela depuis votre ordinateur, votre tablette, ou votre smartphone. L’intérêt ici, c’est qu’on vous donne la possibilité de découvrir du patrimoine depuis chez vous, mais aussi lors d’une pause déjeuner, ou en soirée.
Comment se fait l’interaction entre les guides et les internautes dans les visites que vous proposez ?
Encore une fois, c’est comme une visite physique : lorsque la session commence, on fait les présentations, puis c’est parti ! C’est le guide qui donne le rythme autour d’un parcours et d’un fil conducteur, tout en s’arrêtant devant des points d’intérêts. L’avantage ici, c’est de profiter de ces moments pour poser des questions, éclaircir telle ou telle explication. Vous ne risquez pas de vous essouffler en parlant puisque vous serez assis chez vous ! Et puis nous organisons toujours un moment d’échange à la fin. Certains de nos guident aiment aussi organiser des sondages, des jeux et des quizz, qu’ils envoient aux visiteurs à la fin de la visite. Cela permet de prolonger un peu l’expérience.
Il est question de médiation culturelle sur votre site. Qu’entendez-vous par là ?
Notre but, c’est de pouvoir ancrer de nouvelles pratiques de consommation de la culture, plus locales et plus durables. Ce n’est pas seulement créer du divertissement, c’est aussi répondre à de nombreux défis : l’éducation, l’ouverture aux autres, l’inclusion sociale, l’innovation, etc.
La médiation culturelle, c’est l’outil qui va nous permettre d’atteindre ce but en mettant en relation plusieurs acteurs : les guides, les institutions, les publics. Ici, on parle surtout de médiation culturelle numérique : nous créons des micro-moments d’échanges via nos visites virtuelles. Cet outil permet une initiation culturelle en douceur et donc une approche subtile, pour rendre le sujet accessible au plus grand nombre.
Quels sont les projets de développement de CulturMoov dans les mois à venir ?
Notre plateforme ne cesse d’accueillir de nouveaux guides et donc le catalogue s’étoffe. Nous lançons actuellement des conférences en ligne sur de grands artistes comme Miro ou Hokusai, nous dévoilons de nouvelles destinations comme Bordeaux. Certaines de nos e-visites sont déjà accessibles en plusieurs langues, comme l’arabe ou le japonais. L’axe multilingue est majeur pour entretenir chez les touristes étrangers un lien avec la France et l’envie d’y revenir.