Montpellier : « Possédé.e.s », une exposition ensorcelante à La Panacée
Le rapport entre ésotérisme et art contemporain est exploré dans le nouvel accrochage du centre d’art montpelliérain, jusqu’au 3 janvier 2021.
« Cette exposition, c’est un conte », lance Nicolas Bourriaud en introduction. Un conte macabre, pourrait-on ajouter. Car « Possédé.e.s » (qui rassemble 25 artistes internationaux et locaux) explore aussi, nous dit-on, l’exclusion à travers les corps « genrés, racisés, politisés » en se réappropriant « les identités féministes, queer ou décoloniales dans la nuit de l’occulte ».
D’entrée, une musique luciférienne (et entêtante) sort des entrailles du centre d’art, qui émane de postes radiophoniques mortifères. L’installation « Requiem for 114 radios » (merveilleusement rétro !) de Jane Pollard et Iain Forsythe donne le ton et plante le décor. D’abord celui d’une salle de sabbat désertée où trônent une table et trois chaises au look tout à la fois exquis, gothique, maléfique. A l’entour, des esprits et des corps rodent, comme dans ces étonnantes peintures fantasmagoriques de Lewis Hammond. Un bureau de l’occulte est auréolé d’un halo de lumière, cerné de tableaux plus carnassiers représentant des membres suppliciés… Esprit es-tu là ?
Puis l’atmosphère se teinte d’un bleu astral, une tête de bouc phosphorescente aux allures de Baphomet émerge d’une « soupe cosmique », l’œuvre de l’artiste locale Chloë Viton produit son petit effet. Plus loin, dans un espace immaculé, les remarquables robes sans corps de Nandipha Mntambo flottent en l’air. La grâce est ici funèbre…
La scénographie architecturale de Mr & Mr est diablement efficace, bien complétée par la luminosité mystique signée Serge Darmon. Sur le trajet, des mains éventrent les cloisons et font office de chandeliers, jusqu’à ce que se dresse une imposante église satanique que l’on croirait sortie d’un conte de Grimm, parfait croisement entre sorcellerie et féérie (signée Jean-Baptiste Janisset). Frontière que l’on franchit encore un peu plus avec les surnaturelles sculptures totémiques de la plasticienne Anna Hulačová… Un périple riche et sacrément énigmatique. Seule certitude, « Possédé.e.s » nous envoûte.
Possédé.e.s
MO.CO. La Panacée
Montpellier
Du 26 septembre 2020 au 3 janvier 2021
https://www.moco.art/fr