Coronavirus : L’art de la réquisition de masques et de l’euphémisme politique

par
Partagez l'article !

Dans l’art de la réquisition, l’Etat français montre de réelles aptitudes à se démarquer et à se faire remarquer.

Premier incident avec le groupe suédois Mölnlycke auquel Paris a voulu interdire l’exportation de masques depuis sa plateforme installée à Lyon. La commissaire européenne suédoise Yvla Johansson a observé que le blocage des exportations par Paris étaient « inacceptables ».

La tension est donc rapidement montée entre Paris et Stockholm pour ce lot de 4 millions de masques alors que les deux pays font partie de l’Union européenne. C’est en réalité Emmanuel Macron qui a signé un décret de réquisition qui donne le droit au gouvernement de saisir les stocks de produits sur le territoire français.

La ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, a indiqué sur Twitter le 4 avril dernier que
«suite aux efforts du gouvernement [suédois], la France a décidé de lever les restrictions à l’export des masques de protection de Mölnlycke. Cela signifie que des équipements essentiels à la lutte contre le coronavirus peuvent être distribués au reste de l’Europe».

Il est à noter que cette réquisition ordonnée par le Chef de l’Etat, Emmanuel Macron est contraire au partenariat stratégique signée entre la France et la Suède mais également au principe de coopération de base de l’Union européenne. Attribuons cela à une conception bien singulière du terme de « coopération ».

 

« Et on ne sait plus du coup si c’est le vent européen ou la girouette élyséenne qui tourne au gré des changements de direction et de l’urgence »

 

Il semblerait que la solidarité autant que la souveraineté européenne prônée par Emmanuel Macron est à géographie variable. Et on ne sait plus du coup si c’est le vent européen ou la girouette élyséenne qui tourne au gré des changements de direction et de l’urgence. Et lorsqu’on sait que ces masques étaient destinée à l’Italie et à l’Espagne, la situation paraît totalement ubuesque.

Mais les réquisitions de l’Etat ne s’arrêtent pas là. Car l’exécutif est devenu maitre dans le subterfuge et a tenté d’avancer masqué. Nous apprenons ainsi chez nos confrères de France bleu que le 2 avril dernier qu’une commande de masques passée par la Région Bourgogne-Franche-Comté a été retenue par les services de l’Etat. Et ce dimanche 5 avril, deux millions de masque ont été « intégralement réquisitionnés par l’Etat, sans concertation, ni même information préalable»,information délivrée par Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté dans un communiqué de presse.

La présidente PS de la région Bourgogne Franche-Comté devrait saisir Olivier Véran, Ministre de la Santé.

Pourtant, on avait entendu dans la bouche du Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, « qu’il n’y avait pas de problème de masques« , il y a quelques semaines.

L’Etat semble être passé maître dans l’art de la réquisition et de l’euphémisme politique.

 

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à