l, Nathalie Bondil, quel a été votre parcours jusqu’à ce poste de directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal ?
Historienne de l’art de formation, d’origine méditerranéenne, je suis devenue conservatrice du patrimoine en France avant de m’installer à Montréal pour devenir directrice et conservatrice en chef du MBAM, également fière Canadienne, Québécoise et Montréalaise !
Quels rapports personnels entretenez-vous avec les beaux-arts ?
Quotidien et curieux, ils embellissent ma vie et me surprennent tous les jours.
Comment avez-vous pensé cette façon « d’amener l’art dans le quotidien des citoyens » ? Comment le rendre presque indispensable ou du moins comme un outil d’émancipation pour vos visiteurs?
La pertinence. Je sers une institution qui elle-même sert une société pour défendre des valeurs de progrès social : je crois au pouvoir de l’art et au rôle politique du musée.
Qu’avez-vous modifié dans les existants du Musée à votre arrivée en 2007?
Ouvrir le musée aux citoyens et à nos partenaires, regarder les collections à 360 degrés, proposer une vision holistique et multidisciplinaire, servir des valeurs de paix sociale, innover tous azimuts, agir pour l’inclusion, l’éducation et l’art thérapie… Cette approche humaniste est ma marque, celle de la co-création et de l’engagement avec toute l’équipe du MBAM.
Et qu’est-ce qui vous a paru nécessaire d’ajouter dès votre arrivée? On pense notamment à la création de nouveaux pavillons.
Réinstaller, étudier et enrichir les collections en multipliant les perspectives « glocales », élargir le musée à la musique et au cinéma. Travailler chaque jour à la pertinence du musée et à la vitalité de son message, bien ancré dans les enjeux actuels.
Sur quoi repose cette condition que l’art est nécessaire à l’individu pour son bien-être?
L’art forme l’intelligence émotionnelle. L’émotion esthétique est nécessaire à l’humain, une espèce animale parmi les autres dans le règne du vivant. Cette éducation du sensible aide à ressentir et communiquer sur un autre registre que celui seulement intellectuel ou virtuel.
Plus largement quelle est la place de l’art dans la collectivité ? Est-ce en quelque sorte la mission du Musée des beaux-arts de Montréal?
Former, soutenir, enrichir un être humain complet : nous ne sommes pas des robots.
On a cru comprendre que vous pouviez aborder au sein du Musée des sujets difficiles touchant à la société actuelle. Quelle est votre approche sur ces questions? Audacieuse ? humaniste ?
Les deux ! Sans cette pertinence au quotidien, le musée perdrait sa raison d’être et moi ma raison de vivre. Les arts et les artistes interrogent tant de sujets… À nous de les laisser s’exprimer.
Qu’est ce qui vous intéresse dans l’approche multidisciplinaire du Musée ? Quelle est sa valeur ajoutée pour vous ?
Seuls les spécialistes cadenassent les arts dans leur monologue disciplinaire. Chaque œuvre porte en elle un univers. Leur richesse sémantique est sans frontière.
Si vous deviez nous présenter en quelques mots, l’exposition de Thierry Mugler ?
Extravagante, décomplexée, iconoclaste et drôle ! Une vraie première mondiale.
Plus personnellement pour finir, est-ce le milieu culturel dans lequel vous évoluez au Québec est-il différent de la France ? Avez-vous plus de marge de manœuvre afin de faire vivre vos valeurs auxquelles vous êtes très attachée ?
Le Québec est un pays d’opportunités pour initier des projets stimulants avec le soutien de collectivités, ouvertes au changement. Montréal est une ville à la fois cosmopolite, complexe, créative et moderne : un vrai bouillon de cultures plurielles !
Musée des beaux-arts de Montréal
1380, rue Sherbrooke Ouest
Pavillon Jean-Noël Desmarais
Montréal
www.mbam.qc.ca
(Nathalie Bondil Photo André Tremblay)