Romain Subirats : « Montpellier a besoin d’un big bang politique »

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Romain Subirats est l’une des jeunes figures montantes de la politique à Montpellier. Avocat, ancien conseiller du maire actuel Philippe Saurel et responsable des Jeunes avec Macron (JAM), Romain Subirats travaille à faire de Montpellier « un bastion LREM » tout en critiquant ouvertement la politique de la municipalité actuelle. A quelques mois des municipales, il dévoile également ses ambitions pour la Mairie de Montpellier. De façon plus générale, le responsable des Jeunes avec Macron de Montpellier nous propose son analyse sur la politique du gouvernement, son regard sur la crise de la démocratie, et soutient l’action Emmanuel Macron

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Romain Subirats, montpelliérain de naissance, né dans le quartier de la Paillade, quel est le fil rouge de votre parcours jusqu’au aujourd’hui qui vous a mené au droit, à la politique et maintenant responsable des JAM Montpellier ?
J’ai en effet grandi dans des conditions qui ne sont pas idéales, principalement dans une famille monoparentale avec une mère qui n’a eu de cesse de se battre pour m’élever, y compris au-dessus d’elle.
Elle m’a transmis sa force. J’ai connu le placement en famille d’accueil, les HLM dans un quartier difficile, les minima sociaux mais aussi la possibilité de m’accomplir grâce à notre système républicain et solidaire dans l’enseignement et l’accès aux soins. Je me suis épanoui dans les études ce qui n’était pas du tout une évidence. Cependant, je respecte profondément les métiers manuels, comme fils d’ouvriers. Ils ne sont d’ailleurs pas suffisamment valorisés en France. L’université m’a permis de prendre l’ascenseur social. Je suis fier d’avoir constitué mon cabinet d’avocat, d’enseigner à l’université et de pouvoir m’engager pour contribuer à améliorer notre système. Rien n’est jamais parfait, beaucoup sont encore laissés au bord du chemin, c’est inacceptable pour un pays comme le nôtre.

« Rien n’est jamais parfait, beaucoup sont encore laissés au bord du chemin, c’est inacceptable pour un pays comme le nôtre »

 

Vous avez été conseiller de Philippe Saurel, Maire de Montpellier avant de partir pour de nouveaux horizons. Et vous avez déclaré chez l’un de nos confrères le 4 avril dernier : « S’il avait tenu les promesses qui l’ont fait élire, s’il avait été loyal envers toutes celles et ceux qui ont cru en lui quand il se déclarait candidat pour être maire avant tout, pour débarrasser Montpellier d’un « clanisme » vieux de trente ans, pour gouverner en harmonie, dans une réelle démocratie citoyenne, je serais certainement toujours son collaborateur… » Ce constat est sans appel concernant Philippe Saurel et il pose plusieurs questions importantes sur l’action politique. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Nous connaissons une crise démocratique sans précédent, une crise de la représentativité. La parole donnée, le comportement et la cohérence manquent terriblement aux d’élu(e)s ou prétendant(e)s. La clé de voûte est le renouvellement. Je crois que nous sous-estimons le « dégagisme », encore bien présent au sein de la population. Je le comprends. Aujourd’hui, l’action politique doit être collective, dédiée aux compétences de base du maire et ne doit pas se résumer à créer des affrontements permanents, à empêcher le personnel institutionnel de s’exprimer et à passer son temps sur les réseaux sociaux à regarder qui « tweet » quoi.
La volonté de durer et d’accumuler directement ou indirectement des mandats gangrènent la politique locale depuis trop longtemps. À vouloir être partout, on est nulle part. Montpellier a besoin d’un « big bang » politique.

 

« Aujourd’hui, l’action politique doit être collective, dédiée aux compétences de base du maire et ne doit pas se résumer à créer des affrontements permanents, à empêcher le personnel institutionnel de s’exprimer et à passer son temps sur les réseaux sociaux à regarder qui « tweet » quoi »

 

Quel regard portez-vous sur la politique municipale menée depuis le début du mandat de Philippe Saurel ? Vous déclarez notamment dans la même interview : « L’utilisation de l’argent public pour une autosatisfaction nombriliste me dérange ».
Dans la vie, j’ai toujours essayé d’être optimiste. J’aime ma ville. Cependant, je vous invite à poser de simples questions dans les rues de Montpellier, les enfants et leur famille se sentent-ils protégés et accompagnés ? Vous sentez-vous plus en sécurité ? La circulation et les transports doux se sont-ils améliorés ? La ville est-elle propre ? La ville incarne t-elle une dynamique pour les trente ans à venir ?

 

 

Vous semblez signifier que la ville de Montpellier perd de son influence et de sa force en l’état actuel des choses alors que lorsqu’on lit les communications municipales ou la presse locale, cela donne l’impression de l’extérieur d’une « métropole » en plein développement. Comment expliquez-vous cela ?
Le fiasco national autour de la mise en service de la gare Sud de France, l’annonce pendant des années d’un nouveau stade pour être finalement renvoyé post élection, une absence de gestion du dossier d’indemnisation des commerçants du centre-ville, je reste perplexe. Il ne s’agit que de trois exemples concrets de politiques publiques qui révèlent un malaise.

Le contexte budgétaire des collectivités est contraint. Pourquoi passer son temps à faire des annonces pour dépenser des centaines de millions d’euros à quelques mois des échéances électorales ? Pourquoi parler d’absence d’augmentation des impôts pendant que les habitants constatent que tous les prélèvements indirects augmentent ? Pourquoi cumuler de multiples présidences d’entités parapubliques ?
Quel est le sens de ces actions ? Je crois qu’il n’y en a pas, à part la féroce envie de s’autocongratuler.
Je me demande combien d’argent public est dépensé en communication via l’achat d’espaces publicitaires et ses dérivés. Utiliser des millions d’euros sur un mandat pour afficher son nom sur des affiches n’améliore en rien le quotidien des montpelliérain(e)s, bien au contraire. Ces fonds pourraient être affectés pour renforcer des places en crèche, pour équiper les services municipaux afin de faire face aux épisodes caniculaires ou d’enneigement et pour aider les commerçants du centre-ville quand ils souffrent.

 

« Pourquoi passer son temps à faire des annonces pour dépenser des centaines de millions d’euros à quelques mois des échéances électorales ? Quel est le sens de ces actions ? Je crois qu’il n’y en a pas, à part la féroce envie de s’autocongratuler « 

 

Comment analysez-vous les résultats de LREM à Montpellier ? Vous avez notamment déclaré que les résultats étaient mitigés sur votre compte twitter. Montpellier comme un bastion LREM est-il toujours envisageable ?
Les résultats sont stables par rapport aux élections précédentes. Au regard du contexte de mécontentement que nous avons connu pendant des mois, le résultat est positif de ce point de vue-là. Les marcheurs et les JAM se sont énormément investis dans cette élection qui connaît malheureusement depuis toujours une faible participation, malgré une faible progression. La force de LREM est de rassembler. À Montpellier, la difficulté réside dans l’utilisation et donc l’affaiblissement de la LREM par certains responsables politiques.

 

En tant que responsable des Jeunes avec Macron sur Montpellier, comment appréhendez-vous la candidature de Patrick Vignal pour LREM et quel sera votre rôle jusqu’aux municipales ? Ne craignez-vous pas une lutte d’ego ?
Pour l’instant, il est le seul à s’être déclaré candidat dans la presse. Je sais que d’autres transmettent leur dossier à la commission nationale d’investiture, y compris moi, ou s’interrogent comme Monsieur Mohed Altrad. Lancer une dynamique sur Montpellier requiert une émulsion. Il y a peu, nous étions près de deux cents marcheurs de Montpellier lors d’un rassemblement à réclamer une candidature autonome de la LREM au premier tour des élections municipales à Montpellier. Position que je défends ouvertement depuis de nombreux mois dans des réunions publiques, de comités, et dans la presse. J’ai confiance dans le mouvement. S’il veut perdurer dans le temps pour mettre en place le programme sur lequel nous travaillons, renforcer le renouvellement des représentants et mobiliser les marcheurs et sympathisants, il doit avoir le courage de s’engager.

 

« Patrick Vignal est le seul à s’être déclaré candidat dans la presse. Je sais que d’autres transmettent leur dossier à la commission nationale d’investiture, y compris moi, ou s’interrogent comme Monsieur Mohed Altrad »

 

Au niveau de la politique nationale, LREM a terminé derrière le RN aux européennes alors que le Président de la République lui-même s’était fortement engagé contre le parti de Marine Le Pen. Quelle est votre analyse de cette défaite tout en sachant qu’un Français sur deux n’est pas allé voter ?
Retrouver une force politique extrémiste en tête d’une élection n’est jamais une satisfaction. Le manque de participation favorise ce type de parti, surtout lors d’échéances intermédiaires. Elles sont rarement favorables au gouvernement en place. Néanmoins, malgré tous les vents contraires, le Président de la République s’est engagé pour défendre sans ambiguïté le rassemblement des progressistes et la réorientation de l’Union Européenne. Il a réussi. L’avenir nous dira si la pratique du nouveau Parlement Européen le confirme.

 

« Malgré tous les vents contraires, le Président de la République s’est engagé pour défendre sans ambiguïté le rassemblement des progressistes et la réorientation de l’Union Européenne. Il a réussi »

 

Êtes-vous de ceux qui voient un nouveau clivage politique en France entre les progressistes pro-européens et les souverainistes qui remettent en cause profondément l’Union européenne et son manque de clarté démocratique? Comment réconcilier ces deux courants selon vous ?
Notre système démocratique repose en principe sur un pluralisme des idées. Si les partis et mouvements politiques qui concourent à ce pluralisme sont incapables de se renouveler, de cesser d’utiliser de vieilles recettes politiciennes, nous tendrons vers ce que vous décrivez.

Les gilets jaunes expriment en plus des revendications de justice sociale, une volonté démocratique plus intense notamment par l’instauration de referendums directs notamment par le RIC. En somme, pensez-vous qu’il faut redonner la voix au peuple au niveau national alors qu’il y a une défiance profonde envers la représentativité des députés par exemple ?
L’équilibre démocratique reste une équation extrêmement complexe. La représentativité nationale demeure indispensable. Les citoyens ne sont pas non plus des réservoirs de voix que l’on doit seulement solliciter tous les cinq ou six ans. Un des axes pour imposer aux élus le respect de la parole donnée et redonner confiance aux citoyens réside dans la recherche constante du renouvellement de cette représentativité.

 

« La représentativité nationale demeure indispensable. Les citoyens ne sont pas non plus des réservoirs de voix que l’on doit seulement solliciter tous les cinq ou six ans »

 

Faisons un peu de politique fiction. Si vous étiez Maire de Montpellier, quelles seraient les axes forts de votre politique pour faire de Montpellier ce « bastion LREM » ?
Recentrer l’action communale sur le quotidien des montpelliérain(e)s, l’accomplissement de nos enfants, la refonte de la mobilité, l’amélioration de la propreté et l’indispensable sécurisation de nos quartiers avec comme trame de fond le développement économique et un virage vert sans précédent.

 

(Crédit Photo : Thomas Ruelle )

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