Michel Maffesoli : « Je n’ai pas peur d’être taxé de populiste, c’est pour moi un beau mot »
Michel Maffesoli est un sociologue, considéré comme franc-tireur par certains et contesté avec virulence par d’autres au sein même de sa profession. Néanmoins, Michel Maffesoli continue de publier et épaissit sa bibliographie autour des thèmes de la postmodernité, notamment. Professeur émérite à la Sorbonne et membre de l’Institut universitaire de France, Michel Maffesoli a accordé un long entretien à Putsch sur différents sujets : la postmodernité, l’enracinement, le vivre-ensemble, la fracture entre les élites et le peuple et porte un regard discordant sur le mouvement des Gilets Jaunes. Un entretien décapant !
Entrons dans le vif du sujet sans tarder: comment définiriez-vous la post-modernité en quelques mots si possible?
La postmodernité, disais-je à l’époque où est paru pour la première fois mon livre Le Temps des tribus, la fin de l’individualisme dans les sociétés de masse (1), la postmodernité, donc, c’est la synergie de l’archaïque et du développement technologique.
Synergie, forces conjuguées, énergies convergentes, de l’archaïque, c’est-à-dire non pas ce qui est ancien, vieux, mais ce qui est primordial, fondamental et le développement technologique, c’est-à-dire les nouvelles technologies de communication, Internet, les réseaux sociaux.
Je disais aussi, de manière plus triviale, « la postmodernité, ce sont les tribus et Internet ».
On voit là toutes les caractéristiques de l’imaginaire de notre époque, fin de l’individualisme, c’est-à-dire non plus un sujet autonome, figé dans une identité pérenne et déterminée par son statut socio-économique, mais des personnes (persona c’est le masque de théâtre) qui selon les moments vont s’identifier à un groupe, puis un autre. Identifications multiples, regroupements affectifs, communions émotionnelles. Et bien sûr Internet n’est pas la cause de cela, mais un formidable accélérateur de ces tendances.
Prenons un exemple : je suis assis avec des amis à une table de bistrot, je fais un selfie et l’envoie sur Facebook, je suis là et ailleurs. Je continue à boire un coup et en même temps grâce à des applications de réseautage social type « Tinder » ou « Meetic » selon …