Pourquoi avez-vous accepté de lire ces « Lettres à Yves », de Pierre Bergé ?
J’ai une immense admiration pour Pierre Bergé. Un personnage d’une autre époque et d’une intelligence brillantissime. Il me faisait rire. Je le voyais souvent aux dîners du Sidaction. J’adorais sa façon de remonter les bretelles de tout le monde avec cette espèce d’agressivité très maîtrisée.
A l’occasion d’un séjour à Marrakech, on m’a donné ses « Lettres à Yves ». Je les ai lues dans l’avion en rentrant à Paris. Et je me suis dit : c’est un livre qu’il faut lire en public avec de la musique. Par chance, j’ai réussi à organiser un dîner avec Pierre Bergé et Madison Cox. Lors de cette soirée, je leur ai parlé de mon idée. Pierre Bergé a été partant et m’a proposé de lire les « Lettres à Yves » à la fondation. Mais le temps a passé. Il a fallu construire le musée, créer l’auditorium. Il n’est plus là mais nous avons tenu parole.
Allez-vous poursuivre cette lecture dans d’autres endroits ?
Oui bien sûr. J’ai envie de reprendre cette lecture accompagnée au piano par Gaspard Dehaene dans des festivals de correspondance, comme à Grignan. Pourquoi pas au Musée Saint Laurent à Paris ? Mais aussi dans des théâtres, des salles de musique.
Aviez-vous, dès le début, l’idée d’associer cette lecture à de la musique ?
Oui. Un spectacle de lecture s’accompagne bien de musique. On a besoin de reposer l’oreille, la voix. Il ne faut pas que la musique soit illustrative, mais qu’elle soit un complément qui raconte ce dont on parle. Et pour ces lettres, en l’occurrence, tous les choix musicaux ont été faits en fonction de qu’écrit Pierre Bergé sur la musique. Nous avons aussi décidé ensemble avec Gaspard Dehaene, en fonction de ce qu’il avait envie de jouer, de ce qu’il aimait. Par exemple, nous avons laissé de côté certains musiciens dont Pierre Bergé fait référence, comme Beethoven, mais nous avons gardé Schubert qu’il mentionne. Les thèmes des lettres nous ont guidés. J’avais besoin de la paix retrouvée : nous avons opté pour Bach. Pour l’évocation du bonheur, ce fut Schubert. Pour la première lettre, dans laquelle Pierre Bergé reprend son hommage à Yves Saint Laurent lors de ses funérailles à Saint Roch, nous avons choisi les Préludes de Chopin. Bien entendu, lorsqu’il est question de l’Espagne, ce fut Ravel. Et à la fin de la lecture, pour la dernière lettre, nous avons respecté sa passion pour Wagner.
Vous gardez des souvenirs de Pierre Bergé ?
Pas tellement. On se croisait dans des restaurants. Chaque fois, il disait : il faut que nous dînions ensemble. Et ce dîner n’a eu lieu qu’une fois. Un moment merveilleux chez lui, avec Madison. Ce soir-là, je lui ai fait ma déclaration d’affection. Avec tous ses défauts, je trouvais cet homme extraordinaire. Orgueilleux – il aime être au centre de tout-, possessif, brutal, autoritaire, soupe au lait, il était génial. Vous savez, j’ai une grosse expérience de ces gens-là, mon père était pire que lui, mais Pierre Bergé était un personnage romanesque.
« Orgueilleux – il aime être au centre de tout-, possessif, brutal, autoritaire, soupe au lait, Pierre Bergé était génial »
Vos projets à venir Lambert Wilson ?
Le 6 juin, sort « Volontaire », un film de la comédienne Hélène Fillières qui réalise son second film dans lequel je joue un officier commando marine avec Diane Rouxel et Corentin Fila. Deux autres films vont sortir après. Et je m’apprête à tourner avec Paul Verhoeven qui réalise un film avec Virginie Efira, dans le rôle d’une religieuse au 17ème siècle en Italie. J’y joue un nonce apostolique qui vient la juger.
Ça vous va bien de jouer les ecclésiastiques !
Bientôt les papes !!`
Lettres à Yves de Pierre Bergé (Editions Gallimard) lu par Lambert Wilson et accompagné de Gaspard Dehaene au piano.
Volontaire
Date de sortie 6 juin 2018
De Hélène Fillières
Avec Lambert Wilson, Diane Rouxel, Corentin Fila…